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Thibaud Hue , modifié à
Les conséquences économiques de la guerre en Ukraine sont de plus en plus intenses et font gonfler le prix des énergies. Après le prix de l’essence, c’est celui du gaz qui subit une forte hausse. En première ligne, les producteurs qui font pousser leurs tomates sous des serres chauffées. En grande difficulté financière, ils craignent pour l’avenir de leurs exploitations.
REPORTAGE

La tomate prend un coup de froid. Pour affronter les basses températures hivernales, les producteurs de tomates ont augmenté le chauffage sous leurs serres. Mais la hausse du prix du gaz provoquée par la guerre en Ukraine a très fortement augmenté leur budget énergie, mettant leurs exploitations dans des situations financières très délicates.

À Chailly-en-Bière, en Seine-et-Marne, Benjamin Devos, le gérant d'une parcelle d’un hectare et demi qui produit 45 tonnes de tomates par an, connaît sa facture de gaz par cœur. Pourtant, il peine toujours à croire au montant qu’il doit débourser chaque mois pour garder ses tomates au chaud.

"C’est dramatique"

"On était habitué à payer le mégawattheure entre 20 et 30 euros, ça a été multiplié par six. En mars, on va payer 125 euros. C’est comme si vous payiez le litre de gasoil 10 euros", explique-t-il en se grattant le haut du crâne. Des prix exorbitants, insoutenables pour chauffer ses 20.000 mètres carrés de serre. L'exploitant est conscient que tout pourrait bientôt s'arrêter et il craint pour ses vingt employés.

"Si on prend une fois le mur cette année, il faudra se poser les bonnes questions en fin de saison. Au bout d’un moment, on ne va pas se lever le matin, travailler comme des bagnards pour perdre de l'argent. C’est dramatique", s’inquiète-t-il.

Moins de chauffage, mais pas sans conséquence

Alors pour tenter de baisser tant bien que mal le coût, Benjamin Devos a trouvé une solution : baisser lui-même la température de ses deux chaudières en métal. Une stratégie qu’il regrette : "Là elles sont arrêtées, on les met en marche au minimum. On les met en route, on les arrête sans arrêt… On n’a pas le choix pour essayer de dépenser moins." Mais ces quelques degrés en moins dans ses serres ne sont pas sans incidence sur l’exploitation. Les tomates poussent moins vite et la production sera moins importante sur l’année.

Ce maraîcher souhaite conserver des prix de vente abordables, quitte à laisser de côté sa marge. Mais d’ici l’année prochaine, il craint que les tomates françaises deviennent beaucoup plus chères et s'inclinent face à la concurrence étrangère.