Grande distribution : des négociations très compliquées

Un hypermarché.
Un hypermarché. © PHILIPPE HUGUEN/AFP
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GM et Emmanuel Duteil , modifié à
Les négociations entre les grands distributeurs et les industriels ont été, cette année, d'une inflexibilité "jamais vue".

Le climat se dégrade encore entre la grande distribution et l'industrie agro-alimentaire. Les négociations annuelles qui se sont achevées lundi soir et servent à fixer les tarifs auxquels les distributeurs achètent les produits que l'on retrouve ensuite dans les rayons des suermarchés se sont déroulées dans un contexte très difficile. Généralement compliquées, elles se sont cette année déroulées dans des conditions encore pires que d'habitude en raison de la guerre des prix que se livrent les grands distributeurs.

Une inflexibilité "jamais vue". Il n'y en effet pas de secret, pour vendre moins cher il faut acheter moins cher. Et pour cela, les grandes enseignes ont commencé par regrouper leurs centrales d'achats. Système U et Auchan achètent, par exemple, désormais ensemble. Pour Richard Panquiault, représentant des grands industriels, on ne peut même pas, cette année, parler de négociations. "Vous arrivez en disant, j'aurais besoin d'augmenter mon tarif de 1 ou 2%, pour telles ou telles raisons, et vous avez en face de vous quelqu'un qui vous dit : 'vos raisons, je refuse de les écouter, ça ne m’intéresse pas. Moi ce que je veux, c'est acheter 2, 3 ou 5% moins cher que l'année dernière'. Cette inflexibilité, c'est du jamais vu".

"On sera les éleveurs de demain". Dire non est d'autant plus compliqué, même pour les plus grands industriels, que ces centrales d'achat pèsent jusqu'à un quart de leur chiffre d'affaires. "Vous ne pouvez pas dire merde", confie même un industriel. Un autre explique que les mesures de rétorsions sont courantes et que les distributeurs peuvent prendre une référence au lieu de six habituellement et mettre tous les concurrents autour pour faire pression.

Habituellement silencieux sur ces négociations, un industriel s'était livré à Europe 1 il y a quelques semaines expliquant que "les industriels de l'alimentaire sont déjà en grande difficulté. [Si ça continue] on sera les éleveurs de demain".

Seuls quelques secteurs ont échappé à ces baisses de prix drastiques et notamment le prix du lait.