Gérald Darmanin 1280 3:15
  • Copié
Romain David , modifié à
À partir de janvier 2018, l'impôt des contribuables sera directement ponctionné sur leur fiche de paie. Une mesure que loue le ministre de l'Action et des Comptes publics.
INTERVIEW

C'est une réforme fiscale majeure, mais qui risque de faire hurler les contribuables. À partir de 2019, la mise en place du prélèvement à la source, c'est-à-dire directement sur la fiche de paie des salariés, s'accompagnera automatiquement d'une baisse sensible du salaire net. Pour autant, Gérald Darmanin, le ministre de l’Action et des Comptes publics, ne s'attend pas à une levée de boucliers. "Les Français sont loin d'être idiots, et savent bien qu'il faut payer des impôts pour ceux qui en payent", assure-t-il mardi, au micro de la matinale d'Europe 1. "L'impôt à la source c'est simple, et c'est une mesure sociale", fait-il valoir.

Un impôt mieux étalé, et payé en temps réel. "Ce qui est un choc, c'est que l'on paye, entre le 15 et le 17 pour ceux qui sont mensualisés, les impôts pendant dix mois, entre janvier et octobre. La mensualisation ne règle pas tout, puisque vous n'êtes pas contemporanéisés [sic], vous payez un an après, et puis c'est sur dix mois, vous concentrez", rappelle le locataire de Bercy. Gérald Darmanin estime ainsi que l'étalement sur douze mois du paiement de l'impôt, désormais prélevé en temps réel, évitera aux contribuables les plus modestes d'avoir à souffrir d'écarts de trésorerie d'une année à l'autre.

Dix jours de vaches maigres. "Quand j'étais petit, on me disait : la fin du mois est difficile. C'est une expression que je comprenais mal, et que j'ai compris, étant jeune salarié. J'ai pu voir des fins de mois difficiles", raconte-t-il. "Puisque vous payez vos impôts le 15, 16, 17, et que vous n'avez vos revenus que le 28, 29, 30, il y a dix jours de trésorerie difficile. […]. Il y a des gens pour qui ça n'est pas grave, parce qu'ils ont assez d'argent pour faire face à ça. Et puis il y a plein de gens, de foyers modestes, et plein de difficultés de la vie qui font que pendant dix jours c'est difficile : on a des découverts, on paye des agios sur ses découverts et on fait parfois des crédits à la consommation pour payer son impôt", énumère-t-il. Une série d'ennuis financiers que le prélèvement à la source devrait donc permettre de limiter, à en croire le ministre.

Merci François Hollande ? "C'est une très bonne réforme, prévue par le gouvernement précédent et que l'on a essayé d'améliorer", reconnaît Gérald Darmanin. Même si, au moment de l'adoption du texte, à la toute fin du quinquennat de François Hollande, l'ancien maire de Tourcoing appartenait encore aux Républicains, alors fermement opposés au prélèvement à la source. "Ça n'est pas la première fois que je serai en opposition avec ma famille politique précédente", assume celui qui a officiellement rejoint la nouvelle majorité en novembre.  

"C'est d'autant plus vrai que j'étais favorable à cette réforme que je suis élu de Tourcoing, et à Tourcoing nous sommes prêts de la Belgique où on fait l'impôt à la source depuis très longtemps. Beaucoup d'employés municipaux de la ville de Tourcoing demandent depuis très longtemps : pourquoi on ne fait pas l'impôt à la source ?", rapporte Gérald Darmanin. "C'est comme le portable. Comment on faisait, avant, sans téléphone portable ? On se posera sans doute la même question dans dix ans. Comment on faisait sans l'impôt à la source ?", conclut-il.