Gel du taux du Livret A : "Les épargnants perdent de l'argent à cause de l'inflation"

Mi-avril, le gouvernement avait annoncé le gel pour deux ans du taux du Livret A à 0,75%.
Mi-avril, le gouvernement avait annoncé le gel pour deux ans du taux du Livret A à 0,75%. © DENIS CHARLET / AFP
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Clémence Olivier , modifié à
La CLCV a appelé jeudi les autorités à modifier la méthode de calcul du taux du Livret A, estimant que l'accélération de la hausse des prix entraînait une "dévalorisation historique" de l'épargne des ménages. "On ne peut pas accuser les banques en la matière", prévient toutefois l'économiste Philippe Crevel sur Europe 1. 
INTERVIEW

Après avoir repris des couleurs, le livret A, produit d'épargne préféré des Français dont la gestion financière est assurée conjointement par la Caisse des dépôts et les banques, risque de connaître une année 2019 difficile. Depuis le printemps dernier, le taux de rémunération du livret A est gelé à 0,75 %. Or en 2018, l'inflation a avoisiné 1,8% ou 1,9%, selon l'association de défense des consommateurs CLCV, qui s'en offusque jeudi matin. Car cela signifie que les particuliers voient la valeur réelle de leur épargne se dégrader d'au moins un point de pouvoir d'achat. "Celui qui a 5.000 euros sur son livret A perd de fait 50 euros sur l'année. Celui qui a 10.000 euros, perd 100 euros sur l'année", précise François Carlier, directeur général  CLCV, invité jeudi sur Europe 1. "Collectivement, ça représente 3,5 milliards d'euros qui reste dans les coffres des banques." 

"Une situation liée aux taux d'intérêts faibles". "Aujourd'hui, les épargnants perdent de l'argent avec le livret A à cause de l'inflation", confirme sur Europe 1 Philippe Crevel, économiste et secrétaire général du Cercle de l'Epargne. "En revanche, on ne peut pas accuser les banques en la matière. Cette situation est liée aux taux d'intérêts qui sont extrêmement faibles car la Banque centrale l'a souhaité pour relancer l'économie", précise-t-il.

Le livret bancaire également concerné. Selon l'économiste, le livret A n'est d'ailleurs pas le seul produit d'épargne à subir l'inflation : "Si l'on regarde les autres placements et en particulier le livret bancaire (le livret B), le taux de rémunération est de 0,26 %. Dans certains pays, on trouve également des taux négatifs car on a un marché monétaire très faible", détaille-t-il.

Plus de rendements avec les assurances vie. Reste qu'aujourd'hui, les épargnants ont peu d'alternatives à ce type de placements sûrs. "Malheureusement, il n'y a pas de miracle dans l'épargne, si l'on veut de la sécurité, de la garantie en capital, de la liquidité, il faut admettre que les rendements sont faibles", reconnaît-il. "C'est le cas du livret A, c'est le cas du livret bancaire. Si l'on veut un peu plus de rendement, il faut aller sur des durées un peu plus longues par exemple avec l'assurance vie où l'on va toucher 1,6 % à 1,7 % avec une garantie en capital".

Livret A : la CLCV plaide pour changer la méthode de calcul du taux

L'association de défense des consommateurs CLCV a appelé jeudi les autorités à modifier la méthode de calcul du taux du Livret A, estimant que l'accélération de la hausse des prix entraînait une "dévalorisation historique" de l'épargne des ménages. Mi-avril, le gouvernement avait annoncé le gel pour deux ans du taux du Livret A à 0,75%, soit le plus bas niveau historique de ce placement réglementé créé en 1818 et devenu depuis très populaire auprès des Français.

À partir du 1er février 2020, une nouvelle méthode de calcul du taux doit entrer en vigueur. Si celle-ci prévoit un taux minimum de 0,50%, elle renonce en revanche au principe historiquement en vigueur qui voulait que le taux du Livret A soit au moins égal au niveau de l'inflation, c'est-à-dire au rythme de hausse des prix à la consommation. Or pour la CLCV, ces décisions sont "très préjudiciables pour le pouvoir d'achat des français". Notamment, le plancher de 0,5% est "insuffisant si on considère que le taux d'inflation est souvent bien supérieur", estime l'association.