FO saisit la justice des dysfonctionnements des urgences de Strasbourg

© Nicolas TUCAT / AFP
  • Copié
avec AFP // Crédits : Nicolas TUCAT / AFP
Face à l'engorgement récurrent du service des urgences et l'absence d'amélioration des conditions d'exercice, le syndicat Force Ouvrière du CHRU de Strasbourg a décidé de saisir la justice. Selon l'avocat du syndicat, la situation peut être considérée comme de la "non-assistance à personne en danger".

Le syndicat Force Ouvrière du CHRU de Strasbourg a annoncé mercredi saisir la justice devant l'engorgement récurrent du service des urgences et l'absence d'amélioration des conditions d'exercice, pouvant constituer selon lui une infraction de "non assistance à personne en danger". "J'ai déposé un dossier de dénonciation de faits délictueux", a annoncé à l'AFP Matthieu Airoldi, avocat du syndicat. "Si ce signalement ne donne rien, j'ai le droit, au bout de trois mois, de porter plainte devant le juge d'instruction. Mais j'espère que le procureur va prendre avec sérieux le dossier qu'on lui a déposé."

 

"Vu la situation, les professionnels sont en danger, que ce soit à cause des risques psycho-sociaux, la charge mentale ou même les risques d'exercice, comme un défaut de surveillance ou une erreur médicamenteuse liée à la surcharge de travail", explique Christian Prud'homme, secrétaire du syndicat Force Ouvrière aux Hôpitaux universitaires de Strasbourg (HUS). "Et cette impossibilité de prendre en charge engendre des dangers sur les patients." Il fait ainsi le récit d'un nouvel évènement indésirable grave (EIG) qui s'est déroulé dans la nuit de mardi à mercredi.

"Des situations de mise en danger"

"Un patient est arrivé à 04H30, il n'a pas pu être pris en charge et a dû rester dans le véhicule. A 06H30, ils ont dû l'intuber d'urgence dans le véhicule, et il a dû repartir en réanimation vers Saverne", raconte-t-il. "Cela montre bien qu'il y a des situations de mise en danger." Selon le délégué syndical, 55 droits d'alerte ont été émis par les membres du Comité social et économique en 2022, et 36 en 2023. Il relie ces difficultés au manque de lits d'hospitalisation dans les autres services, empêchant de libérer des places aux urgences.

"En 10 ans, on a fermé 800 lits sur le CHRU, des lits armés, c'est-à-dire avec le personnel qui va avec", explique Christian Prud'homme. "Avec le Covid en plus, il y a eu des départs, et on se retrouve en difficulté pour recruter des médecins et des paramédicaux. Donc on se retrouve en plus avec 200 lits fermés par manque de professionnels. Il y a un vrai déni de cette réalité chez nos autorités de tutelle." Les syndicats avaient notamment réclamé des enquêtes de l'Inspection générale des affaires sociales (Igas) après deux décès "inattendus" aux urgences en 2022. Selon FO, ces enquêtes n'ont pas été menées.