Décrochage scolaire : du mieux mais des efforts restent à faire

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P.P. , modifié à
Alors qu'une baisse du décrochage scolaire se confirme dans les chiffres, Éric Charbonnier, expert en charge de l’éducation à l’OCDE, pointe du doigt des problèmes persistants. 

La ministre de l'Éducation nationale, Najat Vallaud-Belkacem, s’est réjouie mardi d’un recul du décrochage scolaire, qui est passé de 136.000 élèves décrocheurs en 2010 à 110.000 fin 2014. "C'est une réussite", estime Éric Charbonnier. Mais pour l'expert en charge de l'éducation à l'OCDE, "le problème n'est pas tant le nombre mais plutôt les conséquences."

"Quand on est décrocheur en France, on se retrouve en précarité sur le marché du travail", constate le spécialiste. "Si l'on regarde chez les jeunes de 25 à 34 ans, le taux de chômage de ceux sans qualifications est de 24%. Pour ceux qui sortent avec un bac ou équivalent, le taux descend à 14% et avec un diplôme de l'enseignement supérieur, on passe à 7%", indique Éric Charbonnier. "Le diplôme reste le meilleur passeport pour trouver un emploi en France", résume-t-il. "C'est la raison pour laquelle il faut vraiment lutter contre le décrochage."

Fruit d'une politique sur la durée. Ces chiffres flatteurs ne sont pas à créditer qu'au gouvernement actuel. "C'est le résultat de beaucoup de mesures et de continuité dans les politiques d'éducation avec la création d'écoles de la deuxième chance, le développement de l'apprentissage et la lutte contre l'absentéisme", analyse l'expert de l'OCDE.

Le primaire, la faiblesse. "On investit beaucoup moins en France dans le primaire, et pourtant, c'est là que commence l'échec scolaire", déplore le spécialiste. "Si l'on prend la dépense par élève, elle est 12% inférieure aux pays de l'OCDE dans le primaire, elle est 32% supérieure au lycée", rapporte Éric Charbonnier. "Il faut vraiment rééquilibrer les dépenses d'éducation", assure le spécialiste.

La précarité liée. "La France est le pays où le niveau socio-économique explique le plus le décrochage. Quand on vient d'un milieu défavorisé, on a plus de chances d'être en échec", constate l'expert en charge de l'éducation à l'OCDE. Il y a donc du mieux dans les chiffres mais il reste encore des batailles à gagner contre le décrochage scolaire. "Il faut davantage investir dans les zones sensibles, mieux former les enseignants et développer la formation continue", assure Éric Charbonnier. Et ce, quelque soit le gouvernement. "Ça doit être un sujet d'unité nationale", conclut-il.