Dans les coulisses d’une usine Coca-Cola

L'usine de Clamart produit 100.000 bouteilles par heure au maximum.
L'usine de Clamart produit 100.000 bouteilles par heure au maximum. © COCA-COLA EUROPEAN PARTNERS
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Clément Lesaffre , modifié à
Dans le cadre de la semaine de l’Industrie, Europe 1 a pu visiter l’usine Coca-Cola de Clamart. Plongée dans une machine aussi mystérieuse que bien huilée.
REPORTAGE

A l’occasion de la semaine de l’Industrie, Coca-Cola ouvrira ses portes, samedi, à 30 consommateurs tirés au sort. Avant cela, collégiens et lycéens intéressés, entre autres, par les métiers de l’industrie ont pu visiter tout au long de la semaine les cinq usines françaises de Coca-Cola. Jeudi, les élèves de bac pro logistique du Lycée Lavoisier de Méru dans l'Oise ont découvert le site de Clamart, dans les Hauts-de-Seine, où le Coca est mis en bouteille. Présentation de l’entreprise, discussion avec les équipes, déjeuner avec les employés : l’industriel cherche à séduire les jeunes. Europe1.fr s’est glissé dans la visite pour percer les mystères de Coca-Cola.

L'usine Coca-Cola de Clamart est la plus ancienne encore en activité en France © Coca-Cola

La formule est ailleurs. Autant le dire tout de suite : nous n’avons pas trouvé la formule secrète du Coca. Ce n’est pas faute d’avoir cherché mais le secret le mieux gardé du monde demeure entier, y compris pour les 174 collaborateurs de l’usine de Clamart. En effet, il ne s’agit pas d’un site de fabrication. Le soda est "cuisiné" à Signes, dans le Var par la Coca-Cola Company, qui détient les droits de la recette. L’usine de Clamart, comme les quatre autres sites de la franchise européenne Coca-Cola European Partners, reçoit le concentré par la Coca-Cola Company puis fabrique le soda au sein de la siroperie, un savant mélange de sirop, eau, gaz et sucre. Mais la formule demeure secrète. Résultat, les salariés qui embouteillent le Coca ne sont guère plus renseignés que les consommateurs.

Faute de formule, nous nous sommes donc rabattus sur les autres détails étonnants de la production du Coca-Cola. Devant les lycéens de STI, visiblement passionnés par la visite, Alain Harrari, directeur des affaires publiques en charge de la diversité, 28 ans passés chez Coca-Cola France, sert de guide. Il détaille le fonctionnement de l’usine de Clamart, construite en 1965, soit la plus ancienne encore en activité en France (la première usine Coca a été implantée en 1921).

Un moule pour six formes de bouteilles. Première surprise : les bouteilles en plastique. L’usine de Clamart embouteille le Coca, ses variantes Light, Zéro et Life, ainsi que les autres boissons du groupe : Fanta, Sprite, Fïnley, l’eau Chaudfontaine… Autant de bouteilles avec des formes différentes, du moins à la fin. Car elles viennent toutes du même moule préformé, un curieux objet de quelques centimètres seulement, fait de plastique condensé. Conçu par un prestataire externe et produit à l'usine Coca de Grigny, la préforme est livré telle quelle à Clamart, où elle est chauffée, étirée et soufflée pour obtenir la forme de bouteille voulue.

Le moule et la bouteille finale de Coca-Cola © Grégoire Martinez / Europe 1

Bouteilles en verre consignées. Un peu plus loin, le guide détaille le système de consigne des bouteilles en verre. Fabriquées par un prestataire, elles sont destinées aux cafés et restaurants. "Une fois vides, ils nous renvoient les bouteilles en verre. Nous les passons à la "machine à laver" avec un produit spécial afin de les réutiliser telles quelles", explique Alain Harrari. "On peut aller jusqu’à 50 utilisations avant de devoir refondre le verre pour fabriquer de nouvelles bouteilles." Les normes d’hygiène sont drastiques et le cycle de vie d’une bouteille tient à peu de choses : si une paille a été insérée dans le verre, elle passe directement par la case recyclage.

100.000 bouteilles par heure. Sur les lignes de production, les bouteilles défilent à toute vitesse. "En moyenne, nous pouvons produire 100.000 bouteilles par heure, dont 60.000 sur la seule ligne 8, la plus moderne et la plus rapide d’Europe", annonce Alain Harrari, devant les yeux ébahis de lycéens pourtant habitués aux usines. En quelques secondes, les bouteilles sont remplies et encapsulées, direction l’étiquetage.

Usine automatisée. Du tri des bouteilles en verre à l’embouteillage (plastique et verre), tout est automatisé. Peu d’ouvriers étaient visibles sur la ligne de production lors de notre visite. Beaucoup d'hommes, malgré les efforts déployés par Coca-Cola en matière de parité. "Depuis quatre ans, nous avons pris l’engagement de recruter 50% de femmes sur les postes managériaux. D’ailleurs, deux des usines sont dirigées par des femmes", précise Alain Harrari. Mais c’est plus difficile de trouver des femmes pour les postes manuels". Il n’y a qu’à observer la classe de STI venue d’Amiens jeudi : une fille pour une vingtaine de garçons.

Rythme calqué sur la consommation. Par ailleurs, les employés de l’usine ont été formés à l’utilisation de  tablettes électroniques qui servent au contrôle du processus de production. Numérique et robotique : les deux conditions essentielles pour assurer une production en continu dans cette usine qui tourne 24 heures sur 24. Il faut répondre aux besoins démentiels des consommateurs. En moyenne, les Français consomment 22,7 litres de Coca-Cola par an, soit 1.500 milliards de litres, soit 3.000 milliards de bouteilles de 50 cl.

La production se fait à flux continu, notamment lors de grands événements sponsorisés par Coca-Cola, comme l’Euro 2016 de football. Des bouteilles spéciales étaient étiquetées à l’effigie des différentes équipes en lice. "On suivait les matches à l’usine", se rappelle Caroline qui travaille pour Coca-Cola European Partners depuis trois ans. "Lors de la finale, on a attendu que le match se termine pour lancer la production de bouteilles étiquetées avec l’équipe gagnante."

Les caisses de Coca s'amoncellent dans l'usine de Clamart © Clément Lesaffre / Europe 1

90% de production en France. Toutes les bouteilles sont ensuite stockées dans l’entrepôt adjacent, le plus petit de Coca-Cola en France. Un vaste hangar où les palettes sont alignées sur cinq niveaux, jusqu’à sept mètres de haut. Là encore, le stockage est optimisé par informatique et les carristes (les employés qui s’occupent de la logistique) disposent d’un ordinateur sur chaque chariot élévateur. Au maximum, les bouteilles restent trois jours dans l’entrepôt de Clamart. Les cinq usines françaises fournissent 90% des boissons de la marque Coca-Cola Company consommées en France, les 10% restants étant composés des boissons aux fruits non-gazeuses importées depuis les pays voisins.

L’"esprit Coca". Manutentionnaires, responsables de production, dirigeants d’équipes, employés administratifs : tout le monde se retrouve le midi à la cantine. Dans les parties communes, tout est fait pour créer un esprit d’entreprise, à commencer par le rouge Coca-Cola, visible sur tous les murs ou presque. Slogans de la marque, affiches historiques et même distributeurs de Coca sont présents dans toutes les pièces. Impossible d’échapper au mythique soda. Ce qui n’empêche pas les salariés de se détendre autour du baby-foot. Rouge Coca évidemment.