Crise du lait : l’offre de Lactalis peut-elle convaincre les agriculteurs ?

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Comme en 2006, 2009 ou 2015, les producteurs laitiers contestent les tarifs de l'industrie agroalimentaire. © FREDERICK FLORIN / AFP
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BRAS-DE-FER - L’entreprise agroalimentaire a proposé une revalorisation de ses tarifs de 15 euros mais cette dernière reste loin des revendications des producteurs.

Après une longue nuit de négociations, producteurs laitiers et Lactalis se sont quittés vendredi matin sur un constat de désaccord. Mais le géant des produits laitiers a dans la foulée tenté de faire bouger les lignes en proposant  une augmentation de 15 euros la tonne de lait à compter du 1er septembre. Cette dernière serait alors payée 271 euros, contre 257 actuellement. Est-ce un geste suffisant pour faire bouger les lignes ou juste une manière d’occuper le terrain ? Au regard des revendications des agriculteurs, plusieurs nouveaux tours de table seront nécessaires.

Lactalis propose 271 euros la tonne. Accusé de sous-payer les producteurs laitiers, le poids lourd des produits laitiers a proposé vendredi matin, à l’issue d’une nuit de négociations infructueuses, une augmentation de 15 euros la tonne de lait à compter du 1er septembre. Avec cette revalorisation de 5%, Lactalis paierait donc 271 euros les 1.000 litres de lait.

Un montant jugé insatisfaisant. Il est néanmoins peu probable que cette offre de dernière minute convainque les producteurs laitiers : quelques heures auparavant, le médiateur mandaté par le gouvernement a mis sur la table une "proposition de la dernière chance à 280 euros les mille litres" pour les cinq derniers mois de 2016. En vain : "les représentants des producteurs ont considéré que ce n'était pas suffisant", a précisé Francis Amand. Autant dire que les 271 euros proposés vendredi matin par Lactalis ont peu de chances de mettre fin à la crise actuelle.

D’autant que ces derniers ne cessent de le répéter : les autres acteurs présents sur le marché français, pourtant de taille plus réduite, proposent des montants bien supérieurs. Début août, les groupes Laïta et Silav réglaient 290 euros la tonne, tandis que la laiterie Saint-Père, filiale d'Intermarché, rémunérait les éleveurs 300 euros les 1.000 litres. "Ce sont les plus mauvais payeurs" en France, "ils payent de 10 à 30 euros de moins que leurs concurrents", déplore Pascal Clément, président de la Fédération régionale des syndicats d'exploitants agricoles de l'ouest (FRSEA).

Combien demandent les agriculteurs ? Ni le prix actuel (257 euros la tonne), ni celui proposé par le médiateur (280 euros) ni celui proposé par Lactalis (271 euros) ne conviennent donc aux producteurs laitiers. Mais à quel niveau mettent-ils la barre ?

Les revendications des agriculteurs peuvent se résumer en deux chiffres : 300 et 380 euros. Le premier montant est considéré comme le minimum pour ne pas perdre de l’argent. Mais pour que les éleveurs puissent se payer l’équivalent de 1,5 Smic (environ 1.700 euros nets), la FNSEA estime que le prix du lait devrait atteindre les 380 euros la tonne. Le "juste prix" réclamé par les producteurs laitiers se trouve probablement entre ces deux montants, c’est-à-dire encore loin des 271 euros proposés par Lactalis.

>> Retrouvez l'évolution du cours du lait et les principaux chiffres de ce dossier en infographie :