Comment la grande distribution gonfle les marges des produits bio

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Maud Descamps, édité par Thibaud Le Meneec , modifié à
Une enquête de l'UFC-Que Choisir montre que la grande distribution pratique des marges 75% plus élevées sur des fruits et légumes bio que sur les mêmes produits issus de l'agriculture traditionnelle.
ON DÉCRYPTE

La grande distribution fait toujours plus de marge sur les fruits et légumes issus de l'agriculture biologique. C'est ce que dénonce jeudi matin l'UFC-Que Choisir : l'association de défense des consommateurs avait déjà pointé du doigt la pratique de prix prohibitifs en 2017, mais la situation est la même deux ans plus tard. Alors que la consommation de fruits et légumes bio explosent en France, avec une hausse de 36% sur les deux dernières années, leur prix grimpe très fortement.

Une marge supérieure de 165% pour le poireau

C'est ce qu'on appelle avoir flairé le bon filon : en moyenne, dit l'UFC Que Choisir, les marges pratiquées sur les fruits et légumes bio dans la grande distribution sont 75% plus élevées que sur les produits issus de l'agriculture conventionnelle. Et plus un produit plaît aux Français, plus les marges pratiquées sont importantes.

" Pour des produits très demandés, elle va prendre 90 centimes de marge au kilo pour un produit conventionnel, contre près de 2,20 euros de marge pour du bio "

Pour la pomme de terre, par exemple, qui est dans le top 3 des fruits et légumes les plus consommées par les Français, les marges sont 83% supérieures au conventionnel ; pour la tomate, autre favori, ce nombre est de 109%. La palme d'or revient au poireau, avec une marge 165% plus élevée.

"Pour des produits très demandés, comme la pomme et la tomate, la grande distribution va prendre 90 centimes de marge au kilo pour un produit de l'agriculture conventionnelle, contre près de 2,20 euros de marge au kilo pour du bio", illustre Alain Bazot, président de l'UFC-Que Choisir.

Avec le bio, "un consentement à payer plus"

Certes, les fruits et légumes coûtent un peu plus cher à produire que dans l'agriculture conventionnelle, mais pas dans de telles proportions, dit l'association de consommateur. "Il n'y a aucune raison, lorsqu'on distribue une pomme, bio ou non, de sur-marger comme ils le font et de renchérir le prix de façon considérable", défend Alain Bazot.

L'UFC-Que Choisir accuse la grande distribution de jouer sur la peur des pesticides et des risques sanitaires, le consommateur soucieux de sa santé n'hésitant pas à mettre la main au portefeuille. "Il y a comme un consentement à payer plus", dénonce le président de l'UFC-Que-Choisir. À la fin de l'année, un consommateur amateur de bio aura ainsi déboursé 657 euros pour ses fruits et légumes, là où son voisin qui n'achète que des produits de l'agriculture conventionnelle aura payé 379 euros, soit 43% moins cher.