Ces Grecs qui ne peuvent plus payer leurs impôts

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Image d'illustration. © LOUISA GOULIAMAKI / AFP
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Carole Ferry avec N.M.
La fraude fiscale fait perdre à la Grèce 15 milliards d'euros. Europe 1 est allé à l'encontre des Grecs qui peinent à payer leurs impôts.
REPORTAGE

Lundi va être une journée cruciale pour la Grèce. Peut-être va-t-elle enfin trouver un accord avec ses créanciers pour débloquer les 7 milliards d'euros d'aide dont elle a tant besoin. Athènes, dont les caisses sont vides, doit en effet rembourser 1,5 milliard d'euros au FMI le 30 juin prochain. Et elle ne peut pas vraiment compter sur les impôts des Grecs qui n'ont souvent plus moyen de les verser, comme l'a constaté la journaliste d'Europe 1, envoyée spéciale à Athènes.

"Je ne peux tout simplement pas payer". Kosta tient l'un des plus vieux bars d'Athènes, hérité de son oncle. Lui qui a toujours payé ses impôts ne peut plus le faire désormais. La raison ? Des taxes qui ont explosé. Sur une bouteille d'alcool payé 8 euros, il doit en effet versé 12 euros de taxes. La crise fait aussi baisser le nombre de ses clients.

Son quotidien consiste maintenant à faire des choix. Il paye donc son loyer, ses salariés mais pas toujours ses impôts. "Les taxes sont trop élevées, la consommation a baissé et même si tu as envie de payer, par moment, tu n'en as plus les moyens", explique-t-il au micro d'Europe 1. "Je sais que je dois payer, c'est mon devoir mais il y a des moments où je ne peux tout simplement pas le faire", ajoute-t-il.

"Les petits poissons" seulement sont attrapés. Même si les recettes fiscales ont augmenté de 4,8% en 2014, la fraude fiscale représente encore une perte de 15 milliards d'euros pour l'état hellène, sans compter le marché noir. 

Le syndicat des agents du fisc est conscient du manque à gagner. Le manque de volonté pour lutter contre la fraude des plus riches aggrave le phénomène, selon Trifon Alexiadis, son président. "Il y a des contrôles mais nos pêcheurs ont des filets qui n'attrapent que les petits poissons et pas les gros", rapporte-t-il à Europe 1. "Bien sûr que le plombier, l'électricien, le marchand de journaux, l'épicier ne doivent pas frauder mais cela ne doit pas être les seuls à qui on s'attaque", estime ce responsable. Et quand un contribuable en faute se fait rattraper, l'arrangement se fait à l'amiable avec souvent une ristourne à la clef.