Avant Alstom, d'autres fleurons de l'industrie française sont passés sous pavillon étranger

Alstom était courtisé début 2014 par l'allemand Siemens. © AFP
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avec AFP

Depuis le début des années 2000, Pechiney, Arcelor, Alcatel ou encore Lafarge sont passés sous pavillon étranger ou se sont mariés avec des groupes internationaux, comme Alstom avec Siemens. 

C'est officiel. Le français Alstom et l'allemand Siemens vont fusionner leurs activités ferroviaires. Un communiqué est tombé mardi soir pour confirmer cette opération. Le TGV passe donc sous pavillon Allemand. Siemens détient à lui seul la moitié du capital. Mais avant ce projet de fusion entre le français Alstom et l'allemand Siemens dans le domaine ferroviaire, plusieurs fleurons de l'industrie française sont passés sous pavillon étranger ou se sont mariés avec des groupes internationaux depuis le début des années 2000. Avec parfois des conséquences sociales non négligeables. 

  • Pechiney : avalé puis démantelé

L'ex-premier groupe industriel privé de France, spécialiste de l'aluminium, est avalé fin 2003-début 2004 par le canadien Alcan au terme d'une OPA hostile de 4 milliards d'euros. Au moment de l'opération, le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin obtient d'Alcan des promesses sur l'emploi. En 2007, le groupe canadien passe à son tour sous contrôle du géant minier anglo-australien Rio Tinto.

Vendu par petits morceaux. L'ancien géant français de l'aluminium et de l'emballage est rapidement démantelé, vendu branche par branche, sans état d'âme par Rio Tinto. En 2008, le président Nicolas Sarkozy le reconnaît : Pechiney "a disparu sans que personne ne lève le doigt".

Un petit millier de salariés. Aujourd'hui, Rio Tinto, qui a compté jusqu'à 15.000 employés en France, n'emploie qu'un millier de salariés dans le pays, répartis à Dunkerque et dans un centre de recherche en Isère.

                 

  • Arcelor : absorbé par Mittal

Le géant européen de la sidérurgie Arcelor naît fin 2001 de la fusion du français Usinor avec l'espagnol Aceralia et le luxembourgeois Arbed. Début 2006, le géant Mittal Steel lance une OPA hostile de 18,6 milliards d'euros sur Arcelor. En juillet 2006, le PDG indien du groupe, Lakshmi Mittal, prend les rênes d'Arcelor. Rapidement l'aciérie de Gandrange en Moselle est menacée : les promesses et interventions de Nicolas Sarkozy ne parviendront pas à éviter la fermeture en avril 2009.

Le cas Florange. Le site voisin de Florange est lui aussi menacé. Il devient un enjeu de la présidentielle de 2012. Sa nationalisation un temps envisagée est finalement écartée par François Hollande : les deux haut-fourneaux ferment en 2013 mais le reste de l'activité s'y poursuit.

Érosion salariale.Entre 2007 et 2015, le groupe européen a perdu 112.000 salariés. Il compte aujourd'hui 209.000 salariés. C'est un tiers de moins que dix ans plus tôt. En France, 18.000 personnes travaillentactuellement pour ArcelorMittal. Il y a dix ans encore, elles étaient encore 25.000.

  • Alcatel : de Lucent à Nokia

Le 2 avril 2006, deux grands des équipements télécoms, le français Alcatel et l'américain Lucent Technologies, annoncent leur fusion pour donner naissance au numéro deux mondial du secteur. L'union s'avère difficile et douloureuse avec une série de suppressions de postes et cessions de filiales. Le groupe franco-américain tombe finalement dans l'escarcelle du finlandais Nokia en 2015.

Encore 600 emplois supprimés. En septembre, Nokia annonce la suppression de près de 600 emplois en France. Les effectifs actuels des quatre filiales du groupe dans le pays s'élèvent à 5.260 salariés.   

  • Lafarge : mariage en Suisse

Il ne s'agit pas d'un rachat ou d'un dépeçage mais d'un mariage de raison franco-suisse : le numéro deux mondial du ciment Lafarge s'unit avec le numéro trois, son concurrent helvète Holcim en juillet 2015 pour donner naissance à LafargeHolcim, un colosse aux 32 milliards d'euros de chiffre d'affaires et 130.000 salariés.

  •  STX : de main en main

Derniers grands chantiers navals de France, les Chantiers de l'Atlantique, basés à Saint-Nazaire, sont cédés en janvier 2006 au norvégien Aker Yards par Alstom. Le groupe sud-coréen STX Shipbuilding prend en août 2008 le contrôle du norvégien. Les Chantiers de l'Atlantique deviennent STX France.

Nationalisation temporaire. Lourdement endetté, le sud-coréen est mis en vente en octobre 2016 par la justice de son pays. Seule partie rentable, STX France est promis en mai 2017 à l'italien Fincantieri. Mais le nouveau président français conteste la prise de contrôle italienne, craignant de voir le savoir-faire et les emplois français partir à l'étranger. Emmanuel Macron préfère nationaliser temporairement les chantiers et renégocier un accord avec les Italiens. Une solution devrait être annoncée mercredi à Lyon lors d'un sommet franco-italien.

  • Alstom : coupé en deux

Spécialiste du transport ferroviaire et des systèmes de production d'énergie, Alstom est courtisé début 2014 par l'américain General Electric et par l'allemand Siemens. Les deux groupes lancent des offres concurrentes (Siemens en partenariat avec Mitsubishi Heavy Industries- MHI). Finalement c'est GE qui emportent les faveurs d'Alstom et du gouvernement socialiste en novembre 2014. L'Américain met la main sur la branche énergie d'Astom qui reste un groupe indépendant, recentré sur le ferroviaire avec l'État comme actionnaire de référence (20%).

"Décret Alstom". C'est à l'occasion de cette affaire qu'est pris le "décret Alstom" (avril 2014) qui étend aux secteurs de l'énergie, des transports, de l'eau, de la santé et des télécoms, le droit de regard dont dispose l'État depuis 2005 sur des investissements étrangers dans des domaines stratégiques (défense, technologies de l'information).