À Paris, "Autolib peut s'arrêter jeudi ou lundi au plus tard", prévient Marie Bolloré

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Romain David , modifié à

INTERVIEW EUROPE 1 - Lourdement déficitaire, le service parisien de voitures électriques en libre-service pourrait disparaître d'ici quelques jours, à la demande des élus.

Autolib' à Paris, c'est presque fini. Un peu plus de six ans après son lancement, le service d'automobiles en libre-service est en lourd déficit, et son propriétaire, le syndicat Autolib’ Vélib’ Métropole, a annoncé vouloir y mettre fin. "Ça peut s'arrêter dès que nous recevons la notification, jeudi ou lundi au plus tard", précise au micro d'Europe 1 Marie Bolloré, directrice de Blue Solutions, la holding mobilité électrique du groupe Bolloré, concepteur et exploitant des voitures électriques.

Un arrêt "brutal". Pour autant, la fille de Vincent Bolloré espère encore pouvoir convaincre la Ville de Paris de ne pas tirer un trait sur Autolib'. "Nous allons attendre d'avoir reçu la notification de la résiliation, donc pour nous ça n'est pas encore fini", assure-t-elle. "Pendant ces jours qui nous restent, le but est de prouver que la résiliation serait une mauvaise décision, à la fois financière pour les contribuables, et que l'arrêt serait brutal pour les usagers et pour des salariés qui, du jour au lendemain, se retrouveraient sans travail", explique-t-elle.

200 millions d'euros de dettes. Mais pour compenser le manque à gagner, le groupe réclame plus de 200 millions d'euros aux communes de la métropole parisienne."C'est énorme, pour chacun", reconnaît Marie Bolloré. "Le but c'est de trouver des solutions pour essayer de réduire ce déficit. Nous demandons des mesures, nous pouvons innover dans beaucoup de voies différentes sur l'auto-partage, donc nous appelons le syndicat mixte à plutôt nous aider à trouver des solutions […] ou bien à trouver un accord financier qui serait moindre pour les communes", déclare-t-elle.

Un système financier à revoir. "Nous avions plutôt prévu des bénéfices à la fin de la concession", concède encore Marie Bolloré, pour qui l'échec financier du service est dû aux évolutions rapides des modes de mobilité des Franciliens. "Il y a eu des changements dans le panorama de la mobilité urbaine : il y a eu l'arrivée des VTC qui a été une très forte concurrence, il y a eu moins de trajet banlieue-Paris ou Paris-banlieue, ce qui aurait augmenté le temps de location", détaille-t-elle. "Il nous reste à trouver un système financier équilibré".

Malgré tout, la dirigeante veut faire valoir un bilan positif pour Autolib'. "Nous avons quand même fait 25 millions de locations depuis le début, et nous avons 150.000 usagers réguliers", rappelle-t-elle.