Assurance-chômage : "Les partenaires sociaux ont une lourde responsabilité"

Calire Hédon est présidente d'ATD Quart Monde. 1:15
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M.S. , modifié à
La présidente d'ATD Quart Monde s'inquiète d'une possible baisse des allocations chômage ou d'une diminution de la durée d'indemnisation.
INTERVIEW

La renégociation des règles de l’assurance chômage peut-elle faire augmenter la pauvreté ? C’est ce que craint l’association ATD Quart Monde si ces négociations sur la nouvelle convention de l’assurance-chômage, qui débutent lundi, aboutissaient à un raccourcissement de la durée d’indemnisation ou à une baisse des allocations. "Si les allocations chômage sont moins longues, quand les gens vont être en fin de droits, qu’est-ce qui va se passer ?", s’inquiète sa présidente Claire Hédon lundi dans la Matinale d’Europe 1. "Ils vont tomber au RSA. Et évidemment ça nous inquiète, vous savez le montant du RSA : 524 euros par personne. C’est très peu, c’est très compliqué de vivre avec ça."

ATD Quart Monde et sept autres associations, dont le Secours catholique et Emmaüs, ont lancé jeudi un appel contre l’effet "catastrophique" d’une baisse des allocations. Le patronat et le gouvernement évoquent comme piste la dégressivité des allocations, tandis que les syndicats comptent mettre la pression sur les entreprises qui multiplient les CDD, coûteux pour l’assurance-chômage. La nouvelle convention doit être appliquée à partir du 30 juin.

"Ce ne sont pas les chômeurs qui ne veulent pas travailler". Claire Hédon tient à rappeler que plus de 14% des Français - soit huit millions et demi de personnes - vivent en-dessous du seuil de pauvreté, fixé à 987 euros environ. "C’est beaucoup pour un pays riche." Outre la possible augmentation de la pauvreté, ce type de modification des règles d’assurance chômage reviendrait à faire porter la responsabilité du chômage aux chômeurs eux-mêmes, selon la présidente d’ATD Quart Monde. "Ce ne sont pas les chômeurs qui ne veulent pas travailler", appuie-t-elle. "Les partenaires sociaux ont une lourde responsabilité. On est dans une pénurie d’emplois, ce n’est pas la responsabilité des personnes."

La loi sur les "territoires zéro chômage" votée au Sénat. Pour elle, on devrait au contraire revaloriser le RSA, "pour permettre aux gens de respirer un peu". Elle est également enthousiaste sur la proposition de loi sur l’expérimentation des "territoires zéro chômage", votée à l’unanimité dans la nuit de jeudi à vendredi au Sénat et inspirée par ATD Quart Monde. Elle vise, dans des zones strictement délimitées, à financer l’embauche de chômeurs de longue durée en CDI et au Smic grâce aux aides que ces derniers doivent percevoir.