Un manifeste pour lutter contre l'exclusion bancaire

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www.boursier.com , modifié à
Cinq millions de personnes ont des difficultés d'accès aux produits et services bancaires en France. Plusieurs associations se mobilisent...

Entre cinq et six millions de Français sont en situation d'exclusion bancaire. Des bénéficiaires de minima sociaux, demandeurs d'emploi, étudiants, personnes âgées, mais aussi de plus en plus de foyers aux revenus modestes, qui ont des difficultés d'accès aux services et surtout aux produits bancaires. Pour lutter contre cette discrimination, la Croix Rouge, le Secours catholique et l'UNCASS, qui regroupe les centres communaux d'action sociale en France, ont lancé ce mercredi un "manifeste pour l'inclusion bancaire". Les initiateurs du projet admettent que des progrès ont été enregistrés ces derniers mois, notamment avec la loi Lagarde sur la réforme du crédit à la consommation. Mais trop de barrières "enfoncent" encore les Français les plus fragiles. "Ils ont le plus souvent accès uniquement à des crédits non amortissables (crédits revolving). Ils sont contraints de payer de lourdes pénalités en cas de découvert, parfois jusqu'à une centaine d'euros, ce qui ampute encore leur pouvoir d'achat", a expliqué Jean-François Mattei, le président de la Croix Rouge française, lors de la présentation du projet. Conséquence : 200.000 dossiers de surendettement sont déposés chaque année dans l'Hexagone... Le manifeste vise donc à faire bouger les pratiques des banques. "Nous allons créer un institut indépendant, qui devrait être financé par le Fonds de cohésion sociale, pour les inciter à agir en faveur de l'inclusion bancaire", a précisé François Soulage, le président du Secours catholique. "L'idée est de mettre en place une certification, un outil non discutable, qui fera le point sur les pratiques des établissements envers la clientèle la plus fragile". Les banques qui jouent le jeu bénéficieront d'une clause éthique, qui leur permettra d'être mises en avant lors des appels d'offres de l'Etat ou des établissements publics. Les associations ont rencontré "tous les établissements, avec des accueils différents". Pour le moment, seule la Banque postale a donné son feu vert... "La Fédération bancaire française (FBF) craint encore que cette initiative soit synonyme de contrôle bureaucratique", souligne le président de l'UNCASS, Patrick Kanner. "Mais les banques seront libres de définir les indicateurs de performance et de résultat". Le calendrier est encore flou, mais l'objectif est donc d'interpeller et de faire bouger les lignes, à quelques mois de l'élection présidentielle. Pas question de créer une "banque des pauvres", pour Jean-François Mattei, mais l'ambition est de déposer une proposition de loi dès la formation du prochain gouvernement...