Total va supprimer 210 postes à Carling

210 postes seront supprimés dans le cadre de la fermeture du vapocraqueur de Carling.
210 postes seront supprimés dans le cadre de la fermeture du vapocraqueur de Carling. © MAXPPP
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Thomas Morel et Martial You
L'activité de vapocraquage perd 100 millions par an. A la place, le groupe veut se lancer dans la fabrication de produits plus rentables.

L'info. C'est un nouveau coup dur pour la Moselle. Après la fermeture des hauts-fourneaux de l'usine sidérurgique de Florange, fin avril, c'est au tour de Total d'annoncer la fermeture d'un site industriel du département. Le groupe pétrochimique a annoncé mercredi la fermeture, au deuxième semestre 2015, du vapocraqueur de l'usine de Carling. 210 postes sur 550 devraient être supprimés, sans aucun licenciement sec.

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C'est quoi, un vapocraqueur ? C'est un ensemble de fours à très haute température qui sert, pour faire simple, à fabriquer du plastique. On y introduit du naphta, un élément issu de la distillation du pétrole. Sous l'effet de la chaleur et de la vapeur d'eau, injectée en grande quantité dans les fours, ce naphta se désagrège en plusieurs éléments, parmi lesquels de l'éthylène et du propylène. Ceux-ci servent de base à la fabrication des sacs plastiques, des emballages alimentaires, des flacons et bouteilles en plastiques, etc.

Une activité en perte de vitesse. Pour Total, le modèle économique de Carling n'était plus viable. Le site perd en effet 100 millions d'euros chaque année, sur un secteur d'activité en crise : la demande d'éthylène a chuté de 13 % depuis 2007, assure l'Association des producteurs pétrochimiques européens. A cela, il faut ajouter des capacités de production très supérieures à la demande et une concurrence dure avec les Etats-Unis, qui utilisent du gaz de schiste, beaucoup moins coûteux, dans leurs vapocraqueurs. Résultat, Total a choisi de recentrer son activité de fabrication de plastique sur d'autres sites plus rentables.

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Les syndicats s'inquiètent. "Cette annonce de fermeture n'est pas une grande surprise, mais l'ampleur des suppressions de postes est beaucoup trop importante", s'inquiète toutefois Khalid Benhammou, coordinateur groupe CFE-CGC chez Total. Selon ses calculs, "dans la pétrochimie, un poste industriel équivaut au moins à deux postes indirects". Les 210 suppressions chez Carling impliqueraient donc la disparition de 400 emplois supplémentaires. "Plus de 600 suppressions de postes dans ce bassin d'emploi, c'est une hémorragie dont la région n'avait pas besoin", achève le syndicaliste.

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Quel avenir pour Carling ? De son côté, Total défend un plan qui se fera sans impact pour l'emploi. Les réductions d'effectifs "se feront pour l'essentiel via des départs naturels, puisque 150 départs en retraite sont prévus à Carling dans les 3 ans qui viennent, et des préretraites anticipées financées par l'entreprise, pour environ 50 personnes", explique Patrick Pouyanné, directeur de la branche raffinage-chimie du groupe pétrolier.

Par ailleurs, la fermeture des fours ne signifie pas que le site fermera. Total prévoit en effet d'y investir 150 millions d'euros pour le recentrer sur la fabrication de polystyrène et de résines d'hydrocarbures, très convoitées par l'industrie électronique et l'automobile. 110 emplois devraient ainsi être créés. "Notre ambition, c'est de garantir un futur pour Carling en apportant des activités en croissance", achève Patrick Pouyanné.