SeaFrance : qui s'est porté "repreneur" ?

L'avenir de SeaFrance reste incertain, d'autant qu'un sauvetage prenant la forme d'une société coopérative est loin d'être assuré.
L'avenir de SeaFrance reste incertain, d'autant qu'un sauvetage prenant la forme d'une société coopérative est loin d'être assuré. © MaxPPP
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L'Etat et la SCNF ne pouvant agir, la Scop, Eurotunnel ou encore Louis-Dreyfus restent en lice.

Le sauvetage de la compagnie maritime SeaFrance, placée en liquidation judiciaire le 16 novembre, n'en finit pas de connaître des rebondissements. Après l'échec des projets de reprise de l'entreprise, le scénario d'une société coopérative ouvrière(Scop) semblait le plus probable. Mais l'offre d'Eurotunnel formulée lundi relance les débats, tandis que le groupe Louis-Dreyfus Armateurs attend toujours que la situation se décante. Seule certitude, l'Elysée, longtemps réticent, a changé d’avis lundi 2 janvier et décidé de suivre ce dossier à trois mois et demi de la présidentielle.

Le périlleux projet de Scop. Les salariés envisagent de créer une société coopérative ouvrière pour relancer SeaFrance, mais ne disposent pas des fonds nécessaire. Le gouvernement a donc incité la SNCF à "gonfler" les indemnités versées aux salariés pour que ces derniers puissent les réinvestir dans une nouvelle coopérative ouvrière qui reprendrait l’activité. Reste néanmoins un problème de taille dans un contexte où le secteur du frêt maritime ne se porte pas très bien : si SeaFrance ne redresse pas la tête et ferme définitivement, ses salariés auront tout perdu. C'est pourquoi seule une minorité des employés soutient le projet de Scop.

Eurotunnel, l'offre de dernière minute. L'entreprise propose de participer au sauvetage de SeaFrance en association avec une Scop pour élargir son offre de transport et de frêt. Eurotunnel rachèterait alors les ferries pour ensuite les louer à SeaFrance, un scénario qui dépend néanmoins de la création d'une Scop.

Louis-Dreyfus Armateurs attend son tour. En association avec la société danoise DFDS, l'armateur propose de reprendre les bateaux et une partie des employés, mais pas la société SeaFrance elle-même. Les salariés ont donc exprimé leur refus de cette offre qualifiée de "low-cost" et "déloyale". Le tribunal de commerce a pour l'instant aussi écarté cette piste.

Etat et région ne peuvent qu'accompagner le projet

Les collectivités locales s’activent. Puisque 880 emplois, et autant d’emplois indirects, sont menacés, les collectivités territoriales se mobilisent : elles ont déjà promis 11 à 12 millions d’euros d'aide à la compagnie de ferries transmanche. Mais ce "coup de pouce" n'interviendra que si SeaFrance trouve un repreneur.

L'Etat et la SNCF les bras liés. SeaFrance étant une filiale de la SNCF, l’Etat a d’abord envisagé que l’entreprise ferroviaire remette de l’argent au pot. Mais la Commission européenne a mis son veto à une recapitalisation, estimant que cela reviendrait à une aide directe de l'Etat et pénaliserait les concurrents de SeaFrance. La SNCF va néanmoins donner un coup de pouce en gonflant les indemnités qui vont atteindre "36 millions d'euros", a-t-elle annoncé lundi 9 janvier.

Le Fonds stratégique d’investissement refuse. L’idée a été soulevée par Benoît Hamon, porte-parole du PS : que le FSI participe au sauvetage car "on n'a pas fait le FSI juste pour les nanotechnologies. Là, il y a des emplois très concrets qu'on peut garder plutôt que de subventionner des licenciements". Mais le FSI refuse d'étudier cette option, estimant que l'UE la désavouerait.