Sarkozy et Brown : "Taxer les bonus doit être une priorité"

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Dans une tribune au Wall Street journal, les deux dirigeants appellent à un "nouveau pacte international" face aux désordres financiers.

Un appel à une régulation mondiale de la finance lancé par deux des principaux dirigeants du monde capitaliste, dans le quotidien économique le plus diffusé au monde… Nicolas Sarkozy et Gordon Brown ont déclenché jeudi une offensive contre les déséquilibres de la finance en co-signant une tribune publiée par le Wall Street Journal, dans laquelle ils appellent à une taxation des bonus et à une plus grande coordination des politiques économiques des Etats.

"Nous pensons qu'un impôt exceptionnel sur les primes versées devra être envisagé en priorité parce que les bonus pour 2009 sont en partie le résultat du soutien apporté par les Etats au système bancaire" pour surmonter la crise financière, écrivent le président français et le premier ministre britannique. Gordon Brown a d’ailleurs montré l’exemple mercredi, en annonçant un projet de taxation de 50% des bonus bancaires supérieurs à 27.600 livres sterling.

C’est "un nouveau pacte international" que les deux dirigeants appellent de leurs vœux. Il doit permettre d'éviter "que les contribuables ne paient, en cas de crise systémique, pour les risques pris par le secteur bancaire". Un pacte "qui assure que les bénéfices des périodes fastes ne profitent pas qu’aux banquiers, mais aux gens qu’ils servent". Un pacte "qui assure que les institutions financières ne peuvent se servir de paradis fiscaux pour esquiver la contribution qu’elles doivent aux citoyens" de leurs pays.

Gordon Brown et Nicolas Sarkozy soulignent que, pour que les banques opèrent partout à armes égales, "les mesures à prendre ne peuvent l'être qu'au niveau mondial" car aucun pays "n'est tenu, ou en mesure, d'agir seul". Ainsi, ils prônent une plus grande coordination des politiques économiques au niveau mondial. "Par ce processus, nous entendons corriger et éviter l'accumulation des déséquilibres mondiaux."

Cette tribune commune intervient après des frictions entre la France et la Grande-Bretagne à propos de la désignation de l'ancien ministre français Michel Barnier au poste de commissaire européen chargé du Marché intérieur. Nicolas Sarkozy avait vu dans ce choix le triomphe "des idées françaises de régulation" en Europe après une crise provoquée par la "dérive d'un modèle anglo-saxon". La presse et les banques britanniques avaient déploré une nomination préjudiciable aux intérêts de la City.