Renault : le gouvernement (très) discret

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Alors que PSA s'était attiré des réactions au vitriol, Renault est plus épargné. Pourquoi ?

• L’INFO. Malgré l’annonce de 7.500 suppressions de postes, Renault n’a pas suscité une avalanche de réactions indignées. D’habitude si volubile, Arnaud Montebourg s’est ainsi contenté de déclaré que les "lignes rouges" fixées par le gouvernement n'ont "pas été franchies". Pourquoi tant de mansuétude alors qu’à l’époque de l’affaire PSA, le même Montebourg justifiait ses propos acerbes en martelant que son ministère "n'est pas celui des mondanités" ?
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PSA a encaissé les coups pour les autres. Les logiques de la communication sont implacables : le premier à initier une séquence, en l’occurrence celle des plans de restructuration, est toujours celui qui attire le plus l’attention. Renault bénéficie donc de plâtres essuyés par Peugeot-Citroen, premier à incarner la cure d’austérité que s’inflige le secteur automobile français.
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Renault a su éviter les symboles qui fâchent... A l’inverse de PSA, le groupe au losange s’est bien gardé d’annoncer la fermeture d’un site. Or une telle décision est non seulement un symbole fort mais aussi un pari risqué : fermer un site, c’est se mettre à dos toute une région, ses élus, etc. A l’inverse, supprimer des emplois répartis dans tout le groupe automobile, c’est diluer le mécontentement.

… et les chiffres qui marquent. La différence est minime mais Renault a également su ne pas battre le record fixé par PSA : alors que Peugeot-Citroën a réduit ses effectifs de 8.000 postes, Renault s’est arrêté à 7.500. De plus, Renault n’envisage pour l’instant aucun licenciement et ne parle que de non-remplacements de départs à la retraite, respectant une des "lignes rouges" fixées par le gouvernement.

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L’Etat, juge et partie. Si le gouvernement est si discret, c’est aussi parce qu’il est lui-même actionnaire de Renault à hauteur de 15%. Difficile alors de dénoncer une entreprise dans laquelle on siège au conseil d’administration, ce qui procure une certaine influence.

Le marché automobile va vraiment mal. Ce qui était déjà connu cet été, mais encore difficile à accepter, est désormais une tendance connue de tous : une fois retombés les effets de la coûteuse prime à la casse, les ventes automobiles n’ont cessé de plonger. Une tendance qui ne concerne pas que le marché hexagonal mais aussi le reste de l’Europe et que le gouvernement ne peut ignorer.

Le gouvernement est dans une autre séquence. Alors que les troupes françaises s’engagent au Mali, l’annonce du plan Renault a un retentissement bien moindre que celle pour PSA, qui tombait début juillet, période moins chargée en termes d’actualité. La réaction du gouvernement est d’autant plus modérée qu’il entamait aussi une séquence "positive" sur le front de l’emploi après la conclusion d’un accord entre partenaires sociaux, ce qui est rare, et l’entrée en vigueur des contrats de génération.

>> Selon Caroline Roux, le gouvernement ne peut pas s'opposer à Renault après avoir vanté la semaine dernière les mérites des accords de compétitivité.