Renault : Ghosn fait un (très petit) effort

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Le patron propose de toucher symboliquement à son salaire pour pousser les syndicats à un accord.

Semaine chargée pour le secteur automobile français, qui a publié ses résultats et négocie actuellement avec ses employés une révision des accords salariaux. Face à un pacte de compétitivité qui a du mal à passer, le PDG de Renault, Carlos Ghosn, a proposé mercredi soir de faire un geste sur son salaire si les syndicats signent rapidement. Une "concession" plus symbolique que douloureuse pour son porte-monnaie.

Carlos Ghosn

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• L’effort de Carlos Ghosn. Le patron du groupe Renault-Nissan a proposé le deal suivant : si l’accord de compétitivité est signé, il serait d’accord pour reporter 30% de sa part variable de l'année 2012 au 31 décembre 2016. En clair, sur les 13 millions d’euros qu’il devrait gagner en 2012, 480.000 euros serait bloqués pendant trois ans pour ne lui être versés qu’en 2016. Une somme qui représente… 3,7% de son salaire annuel si on cumule ses revenus versés par Renault et par Nissan.

Différer n’est pas renoncer. Si Carlos Ghosn se dit prêt à différer son salaire, il n’y renonce pas pour autant. A l’image des traders, il s’engage juste à toucher une partie de sa rémunération avec trois années de décalage. Une concession que les syndicats jugent dérisoire, puisque les salariés sont, eux, invités à travailler plus longtemps pour un salaire qui serait gelé les trois prochaines années, ce qui se traduirait par une baisse du pouvoir d’achat.

Pour Montebourg, "c’est  bien le minimum". "Dans la mesure où il demande un gel des salaires pour 2013 aux salariés de Renault, c'était bien le minimum qu'il le fasse", a réagi Arnaud Montebourg, jeudi matin sur Europe1. Et le ministre du Redressement productif d’ajouter : "je le lui ai demandé puisque nous, l'Etat, sommes actionnaires à hauteur de 15%. (...) Et j'ai dit : il est normal qu'il y ait un effort qui soit commun."

Pourquoi faire une telle promesse maintenant ? Si Carlos Ghosn promet un tel "effort", c’est parce que les négociations pour réduire les coûts salariaux de Renault sont presque bloquées. La dernière réunion sur le sujet, mardi, devait clore les discussions mais les syndicats ont refusé de signer, faute d’engagement chiffré de la part de la direction. Cette dernière a en effet promis d’augmenter sa production si les employés acceptent de faire des concessions, sur le modèle d’un accord de compétitivité conclu en Espagne.
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Pendant ce temps-là, chez PSA. L’autre grand patron de l’automobile française, le PDG du groupe PSA, Philippe Varin, a lui aussi été contraint à faire un geste, et ce dernier est plus conséquent. Face aux mauvais résultats de PSA, il avait renoncé à la part variable de son salaire en 2011 et a renouvelé cet engagement pour l’année 2012. Un effort pour le moins évident puisqu’une rémunération variable dépend par principe des résultats d’une entreprise et que ces derniers sont mauvais dans le secteur automobile.
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