Que vont devenir les allocations familiales ?

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Sébastien Guyot, Olivier Samain, Aurélien Fleurot et Noémi Marois , modifié à
ÉCONOMIE - Le projet de financement de la Sécurité Sociale prévoit que la revalorisation des allocations familiales aurait lieu aux 16 ans de l'enfant au lieu de 14. 

Alors que le conseil des ministres examine mercredi le projet de financement de la Sécurité Sociale (PLFSS), les familles vont avoir une raison supplémentaire de faire grise mine. Après la diminution de la durée du congé parental et le rabotage de la prime de naissance, c’est au tour des allocations familiales d’être touchées. Leur revalorisation aurait lieu aux 16 ans de l’enfant, et non plus à 14. Mais des députés socialistes souhaiteraient plutôt moduler ces aides en fonction des revenus des parents.

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64 euros de plus par mois à l’âge de… 16 ans. Le projet de budget de la Sécurité Sociale 2015 prévoit de retarder le moment où les allocations sont majorées au 16e anniversaire de l'enfant, au lieu de 14 ans aujourd'hui. 

Actuellement, lorsqu’un enfant atteint ses 14 ans, les parents, quels que soit leurs salaires, reçoivent 64 euros de plus par mois. Si le PLFSS est adopté par l’Assemblée dans sa forme actuelle, il leur faudra attendre deux ans de plus pour toucher cette majoration.

"Les classes moyennes trinquent". Pourtant, pour les parents, la bascule de dépenses se situe bien à 14 ans. Les études de l’Insee le démontrent d’ailleurs. Avant 14 ans, un adolescent coûte entre 10 et 20% des revenus de ses parents. Passé cet âge, il coûte quasiment autant qu’un adulte supplémentaire. Laure, mère de cinq enfants dont un va avoir 14 ans l’an prochain, ne comprend pas pourquoi elle ne bénéficierait pas d’un coup de pouce de l’Etat : "Ça fait six mois qu’il est en pleine croissance et je pense que ça va durer un certain temps, ce qui engendre des dépenses, chaussures, manteau, pantalons,  etc. C’est un vrai budget ". 

Timothée, père de trois enfants dont un adolescent de 13 ans, ne décolère pas : "De toute façon, c’est toujours les classes moyennes qui trinquent. Pour les classes sociales aisées, c’est peut-être plus digeste. Et les classes sociales les plus pauvres ne subissent pas forcément ce système car elles ont d’autres aides". S’il ne touche pas la majoration, Timothée organisera moins de sortie pour son fils.

La famille et le congé parental, 1280x640

Moduler les allocations aux revenus ? Aujourd’hui, toutes les familles qui ont deux enfants à charge touchent les mêmes allocations familiales, qu’elles soient au RSA ou gagnent de confortables revenus. Une politique égalitaire à laquelle des députés socialistes souhaitent s’attaquer en proposant un amendement.

Au lieu de s’en prendre à la prime de naissance ou à l’ensemble des allocations, ils préféreraient moduler le niveau des allocations familiales en fonction des salaires des parents. À la clef, il y a un avantage budgétaire énorme : jusqu’à 1,5 milliard d’économie, selon un rapport publié il y a deux ans.

Gérard Bapt, député socialiste de Haute-Garonne et rapporteur du PLFSS à l’Assemblée, défend cette proposition : "À partir d’un certain niveau de revenus, il s’agit plus en quelque sorte d’une allocation d’argent de poche, qui est mineure dans le budget du ménage, que d’une véritable contribution pour la famille".

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Une proposition "démagogique". "Les députés socialistes ont perdu la boussole", dénonce Thierry Vidor, directeur général  de Familles de France, auprès d’Europe 1. "Ils piétinent les principes mis en place par leurs pères et grand-pères à la Libération. C’est une remise en cause radicale de la politique familiale universelle de notre pays et pour nous, c’est inconcevable". Pour Thierry Vidor, "c’est aux impôts de redistribuer les richesses, pas à la politique familiale" et "c’est démagogique d’opposer les familles riches et les familles pauvres". 

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