Quand la Chine drague les pilotes français

Les pilotes français sont invités à travailler à l'étranger pour pallier aux sureffectifs. © MAXPPP
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Marion Sauveur , modifié à

Un appel aux volontaires a été lancé aux commandants de bord pour aller naviguer en Chine.

Un appel au volontariat a été lancé auprès des pilotes français pour travailler deux à trois ans à l’étranger. Un tract a été distribué lundi auprès du personnel d’Air France, comme le révèle La Tribune, qui a pu se le procurer. Les commandants de bord français appartenant à d’autres compagnies - telles que les filiales régionales d’Air France ou encore XL Airways ou Aigle Azur - devraient le recevoir dans les jours à venir, selon les informations d’Europe1.fr.

Atténuer le sureffectif de pilotes

Objectif de cette démarche ? Limiter le sureffectif de pilotes dans l’aviation, et principalement à Air France. Il serait estimé à plus de 200 personnes, selon La Tribune qui s’appuie sur plusieurs sources. Mais, note le journal économique, il "pourrait grimper jusqu’à environ 600 personnes avec les 20% gains de productivité demandés par la direction" de la compagnie française.

Les salariés qui accepteraient de partir quelques années travailler à l'étranger devraient obtenir des "garanties de retour chez Air France", selon une source proche du dossier contactée par Europe1.fr. Les pilotes seraient contraints de "prendre des congés sans solde", car la compagnie française ne pourra pas, légalement parlant, prêter sa main d'oeuvre à l'étranger.

L'Asie et le Moyen-Orient en demande

Sur le marché international du travail, il manque des pilotes expérimentés en Asie et au Moyen-Orient, a expliqué une source proche du dossier à Europe1.fr. "En Chine, par exemple, la croissance est telle qu’ils n’ont pas le temps de former des commandants de bord. Ils ont besoin de monde sur une perspective de quatre ans", précise-t-elle. C’est pourquoi les compagnies aériennes étrangères sont prêtes aujourd’hui à mettre les moyens.

Des négociations ont d’ores et déjà été entamées entre l’association des professionnels navigants de l’aviation (APNA), à l’origine de cet appel à volontaires avec le syndicat national des pilotes de ligne, et une compagnie aérienne chinoise. Un proche du dossier a confié à Europe1.fr que l’idéal pour la société asiatique serait d’obtenir "50 pilotes français volontaires". Et ce, en vue d’un départ en septembre prochain.

Des pilotes d'ores et déjà intéressés

La prochaine rencontre entre l’APNA et la compagnie aura lieu le 18 juin prochain. A cette occasion, l’association française espère pouvoir "être en mesure d’apporter la preuve d’un réel intérêt d’une partie des pilotes de certaines compagnies françaises". Ils attendent les CV des intéressés le plus rapidement possible. Mais l’appel au volontariat semble avoir été entendu, l’APNA a indiqué à Europe1.fr avoir reçu une vingtaine d’appels depuis la distribution du tract.

Mais les pilotes français ont-ils intérêt à partir travailler à l’étranger ? En France, la situation se révèle de plus en plus difficile pour les commandants de bord. En raison du plan de réorganisation qui devrait être prochainement mis en place chez Air France, ils devraient voir leur activité dans les airs diminuer, alors qu’ils sont payés à l’heure de vol.

Même si les négociations sont encore en cours, une source proche du dossier a assuré à Europe1.fr que les pilotes ne devraient pas être perdants : "les salaires devraient être assez proches entre la France et la Chine et les pilotes devraient avoir la possibilité de cotiser à tous les avantages français, que ce soit en matière de retraite et de mutuelle".

Le coup de pouce d'Air France

La compagnie française a confirmé à La Tribune "être prête à aider les compagnies chinoises partenaires dans leur développement durable, en mettant à disposition des pilotes de la compagnie, afin de leur faire bénéficier de leurs compétences". Le groupe aérien décidera de quelle manière cela se fera le 21 juin prochain lors du prochain comité central d'entreprise d'Air France-KLM. Cela pourrait se faire sous forme de "prime".