Pourquoi la Bourse panique-t-elle ?

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avec AFP et Martial You , modifié à

Une rumeur sur la dégradation de la note française a plombé les marchés jeudi.

La dernière séance de la Bourse de Paris avant le premier tour de l'élection présidentielle s'est ouverte vendredi dans une ambiance morose. La veille, la plupart des places de marché européennes ont clôturé en baisse, après une rumeur de dégradation de la note française et une série d'indicateurs américains décevants. Europe1.fr fait le point sur la situation.

Quelle est cette rumeur de dégradation de la note française ?

En milieu de journée jeudi, la rumeur d'une dégradation de la note de la France par l'agence de notation Moody's a effrayé les marchés. Après des espoirs suscités par la forte demande pour les émissions obligataires de Madrid et Paris, le CAC 40 a dévissé dans la journée, allant de 3.280,24 points (+1,06%) au plus haut à 3.189,59 points (-1,56%) au plus bas.
Cette rumeur a rapidement été démentie par les agences de notation et par une source gouvernementale française, qui l'a qualifiée de "pas fondée".

Pourquoi les marchés ont-ils réagi ainsi ?

L'équilibre des marchés repose en grande partie sur la confiance des investisseurs. Fondée ou pas, une rumeur peut donc provoquer des mouvements importants. Jeudi, au-delà de la rumeur sur la dégradation de la note française, des indicateurs américains décevants (chiffres du chômage, activité manufacturière de la région de Philadelphie...) ont aussi contribué à la morosité.

La France court-elle vraiment un risque de dégradation ?

Paris a déjà perdu son triple A auprès de Standard and Poor's en janvier, rendant peu probable, dans l'immédiat, une nouvelle dégradation par cette agence, qui a refusé de commenter la rumeur jeudi après-midi.

Lundi, l'agence Moody's avait dit ne pas prévoir de changement imminent de la note de la France, notée "AAA", mais assortie d'une perspective négative.

L'agence de notation Fitch a quant à elle répété jeudi qu'elle n'envisageait pas de modifier le triple A français avant 2013.

"L'éventualité d'une dégradation de la France n'est pas à prendre au sérieux. Ce sont des rumeurs de rumeurs; il est quasi impossible qu'une agence de notation se permette de dégrader la France à quelques jours du premier tour de l'élection présidentielle", a réagi Patrick Jacq, stratégiste obligataire chez BNP Paribas.  "Pour autant cela prouve que le marché est particulièrement nerveux", a-t-il ajouté.

Quelle est l'influence de la campagne présidentielle ?

L'approche de l'élection présidentielle provoque cependant une inquiétude sur les marchés financiers. Chez les "market makers", les grandes banques qui donnent une orientation à la bourse, le discours est en effet en train de changer depuis une semaine. Ces acteurs ont expliqué à Europe 1 avoir observé la campagne pendant des mois "en étant très indulgents". Mais la certitude des marchés est désormais que la note française sera dégradée, vraisemblablement après le second tour.

Selon les "market makers", les prévisions de croissance affichées par les candidats sont en effet trop optimistes et le retour au zéro déficit n'interviendra pas dans les cinq ans qui viennent. Plus crucial encore, alors que les programmes contiennent l'annonce de mesures de rigueur, ils ne font pas apparaître de relance ni de mesures de croissance claires susceptibles de rassurer les marchés.