Plan automobile : qu'a-t-il sous le capot ?

Le gouvernement a présenté mercredi son plan de soutien à l'automobile. © Reuters
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Renforcer le bonus/malus, faire de la pub... Le plan de soutien à la filière auto est dévoilé.

"Le gouvernement a choisi l'offensive, avec un plan extrêmement ambitieux". Jean-Marc Ayrault semble mettre toute sa confiance dans le plan de soutien à l'automobile détaillé mercredi par  Arnaud Montebourg, après le Conseil des ministres. Le ministre du Redressement productif a présenté lors d'une conférence de presse un projet qu'il voit comme le "moyen d'une renaissance de l'automobile en France".

"François Hollande a salué un plan global, cohérent et inscrit dans la durée", fait également savoir la porte-parole du gouvernement Najat Vallaud-Belkacem. Même le patron de PSA Philippe Varin a parlé "d'excellentes choses", faisant référence à certaines pistes du plan.

Que contient donc ce plan "offensif et ambitieux" ? Europe1.fr dresse la liste des mesures.

"Le véhicule propre accessible à toutes les bourses"

Le bonus écologique renforcé. Le bonus va passer à 7.000 euros, contre 5.000 euros aujourd'hui pour les véhicules électriques, et à 4.000 euros contre 2.000 euros pour les hybrides. Les autres bonus pour les véhicules faiblement émetteurs de CO2 (hybrides et thermiques) seront également augmentés de 100 ou 150 euros. Ces hausses seront "valables jusqu'à la fin 2012 et le renforcement de l'ensemble du dispositif bonus-malus sera précisé en loi des finances pour 2013." À partir de cette date, "le malus écologique sera augmenté à partir de 180 grammes par CO2", a déclaré Arnaud Montebourg.

"Il faut que le véhicule propre devienne un objet de la vie quotidienne des français. Pour cela il doit être accessible à toutes les bourses", a défendu le ministre. Une manière d'aider Renault par exemple, qui va sortir trois voitures 100% électriques avant la fin de l'année, ainsi que son usine et ses employés du site de Flins, qui produiront des véhicules électriques. Mais aussi Peugeot, très en pointe sur l'hybride diesel, ou encore des groupes comme Heuliez, Bolloré ou le japonais qui produit en France : Toyota.

Ce renforcement du bonus sera toutefois conditionné au "maintien de leurs prix par les constructeurs", a précisé le gouvernement. "Les efforts de la puissance publique en matière d'hybride et d'électrique sont conditionnés au maintien de leurs prix par les constructeurs automobiles et devront se traduire dans la localisation de la production de ces véhicules en France ainsi que de leurs composants)".

Le bonus écologique coûtera 490 millions d'euros "en grande partie compensé par le malus", assure le ministre.

» Lire notre analyse : bonus/malus, une fausse bonne idée ?

Vaste plan d'installation de bornes de recharge. Par ailleurs, le gouvernement a lancé un plan sur 6 à 10 mois pour mettre en place des réseaux de borne de recharge électriques dans 12 villes françaises. Il sera financé notamment par le "grand emprunt" et la Banque européenne d'investissement (BEI) via le "pacte de croissance" négocié au niveau européen fin juillet.

"L'implantation de bornes de recharge des véhicules électriques et hybrides rechargeables, essentielle à leur déploiement, sera accélérée", poursuit également le gouvernement, qui veut aussi promouvoir "l'industrie de la déconstruction et du recyclage qui ouvre des perspectives de création d'emploi importantes".

Un soutien conditionné

L’État montre l'exemple. "Nous allons mobiliser la commande publique avec l'obligation d'une moitié de véhicules hybrides minimum", soit 11 000 par an, a informé Arnaud Montebourg.

Un programme "d'investissement d'avenir". Côté production automobile, le projet prévoit des facilités de financement pour les équipementiers et constructeurs en difficulté, et de réorienter des investissements déjà prévus vers la recherche et développement (R&D). Au total, 350 millions d'euros de crédits "d'investissements d'avenir" seront "réorientés" pour aider les constructeurs à innover, ainsi que des aides pour les sous-traitants et les distributeurs.

Cette somme proviendra du "programme d'investissements d'avenir" et sera déployée "en lien avec les pôles de compétitivité, la banque publique d'investissement, la Banque européenne d'investissement et l'Union européenne". Le crédit d'impôt recherche sera également "pérennisé et mieux rendu accessible aux PME", et un "institut de recherche technologique dédié à l'automobile sera lancé avant fin 2012", ajoute le document.

"C'est une excellente chose si les mesures gouvernementales comprennent une aide à l'innovation, a salué le patron de PSA Philippe Varin lors d'une conférence de presse. S'il y a des aides à l'hybride, ceci va nous conduire bien sûr à développer nos modèles existants. Tout ce qui peut soutenir l'innovation, la compétitivité, y compris de nos sous traitants, est favorable."

Des centaines de millions pour les sous-traitants. Concernant les sous-traitants d'ailleurs, la banque des PME Oseo devrait mobiliser 150 millions d'euros pour "soutenir leur trésorerie", et ils pourront "solliciter plus de 450 millions d'euros de financement déjà prévus pour la modernisation des sites et l'investissement industriel". Enfin les PME sous-traitantes "stratégiques" auront à leur disposition 260 millions d'euros de crédit disponible immédiatement pour leur développement auprès du Fonds de modernisation des équipementiers automobiles, qui sera prolongé.

» Lire : sous-traitants, victimes collatérales du plan PSA ?

Un soutien conditionné. Le gouvernement demande la "pérennisation des sites de production" en échange de son aide au secteur, a déclaré mercredi le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg. "Les laboratoires de Recherche & Développement", pour laquelle le gouvernement prévoit des financements, "devront être maintenus sur le territoire national", a aussi annoncé le ministre.

Seulement 175 millions de dépenses nouvelles.  Arnaud Montebourg a précisé que les seules dépenses nouvelles à prévoir dans ce plan comptaient 120 millions d'euros d'aide à la réindustrialisation pour les PME qui créent ou maintiennent de l'emploi, un fonds de 50 millions d'euros pour la mutualisation de certaines actions de la filière, et 5 millions d'euros de surcoût de la dépense publique lié à l'accroissement du parc électrique de l’État. Les autres fonds sont issus de redéploiements ou de maintiens d'engagements précédents.

"Acte de concurrence déloyale de la Corée"

Une campagne de pub réalisée par Klapisch et Besson. Arnaud Montebourg va également annoncer le lancement prochain d'une vaste campagne de communication valorisant le "made in France". Le but : faire comprendre au consommateur qu'acheter une voiture française sauve de l'emploi en France. Les cinéastes Cédric Klapisch et Luc Besson seront chargés de sa réalisation. "Le gouvernement engagera une campagne de mise en valeur du Made in France, de l'automobile française et nous avons demandé, avec [la ministre de la Culture] Aurélie Filippetti, à des cinéastes engagés de signer, grâce à leur rayonnement international, leur talent, les publicités en faveur de l'automobile française et du fabriqué en France", a déclaré le ministre du Redressement productif.

» Lire : pourquoi la filière automobile patine

Mettre l'UE et le libre échange sous surveillance. Arnaud Montebourg, a dénoncé mercredi les "actes de concurrence déloyale" des constructeurs automobiles sud-coréens, qui ont augmenté leur part de marché en Europe depuis la signature en octobre 2010 d'un accord de libre échange avec l'Union européenne. Dans le cadre de cet accord, "nous sommes fondés à demander le déclenchement de mesures de surveillance qui nous permettrons éventuellement de déclencher une cause de sauvegarde", comme l'Europe l'a déjà fait par le passé pour l'acier américain ou russe, a martelé le ministre.