Perte AAA : quelles répercussions concrètes sur les Français ?

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www.boursier.com , modifié à
Certains prêts octroyés aux ménages pourraient voir leurs taux augmenter...

Moody's a à son tour dégradé la France, en lui ôtant son Aaa. Si pour beaucoup de Français, cette annonce paraît un peu abstraite, elle pourrait en théorie avoir des répercussions sur les ménages. Généralement, une dégradation se traduit par une hausse des taux d'intérêts du pays concernés et donc par un renchérissement du coût d'emprunt des banques sur les marchés. Le crédit immobilier: faire jouer la concurrence Dès lors, les particuliers pourraient logiquement voir les taux des emprunts immobiliers se tendre. Il n'en demeure pas moins que plusieurs éléments permettent de tempérer les craintes à court terme. Tout d'abord, les marchés ont peu réagi à cette dégradation. Mardi matin les taux des obligations d'état françaises étaient stables. Il faut dire que cette dégradation intervient 10 mois après celle opérée par une autre agence, Standard & Poor's (S&P). L'effet de surprise est donc minime. Il est par ailleurs intéressant de noter que suite à la perte du AAA chez S&P, les taux immobiliers n'ont pas augmenté en France. Depuis janvier, ils ont au contraire reculé comme le montrent divers baromètres. Il faut dire que la demande de crédits est incontestablement orientée à la baisse. Les derniers chiffres de la Banque de France l'ont encore prouvé. Autrement dit, les particuliers ont les moyens de mettre les banques en concurrence. Or, comme le rappelle Empruntis dans son dernier baromètre, à l'approche de la fin d'année, "les banques n'ont pas atteint leurs objectifs et font la chasse aux nouveaux clients". Pour preuve, elles n'ont au demeurant pas resserré leurs conditions d'accès au crédit ces derniers mois. Le prêt immobilier étant pour les banques un produit d'appel destiné à fidéliser les clients, elles pourraient donc en cas de remontée des taux décider de rogner un peu sur leurs marges pour boucler des dossiers. Les frais annexes : un surcoût possible Les particuliers doivent toutefois rester vigilants. En cas de remontée des taux sur les marchés, "il est à craindre que le surcoût du crédit soit partiellement répercuté sur les frais bancaires payés par l'ensemble des consommateurs français", notait l'UFC-Que choisir lors de la précédente dégradation par S&P. Il est vrai qu'une hausse à la marge de tarifs bancaires est souvent plus transparente pour le client qu'une hausse des taux faciaux des emprunts. Reste que c'est un sujet que regarde de près le gouvernement. Il sera au coeur de la réforme bancaire attendue le 19 décembre. Un effet plus marqué sur les autres prêts Finalement, c'est peut-être du côté des prêts hors immobiliers que l'effet pourrait être le plus sensible, notamment sur les prêts à la consommation. D'abord parce que la demande reste stable dans ce domaine. Ensuite parce que ce type de prêts ne permet pas aux prêteurs un rattrapage à long terme. D'autant que "la plupart des grands acteurs du marché du crédit à la consommation sont des établissements qui ne font pas de banque au quotidien", comme l'a déjà rappelé l'UFC-Que choisir. A 6,21% en moyenne au dernier pointage de la Banque de France, les taux des crédits à la consommation sont aujourd'hui revenus à leurs niveaux de l'été 2011. Mais il faut rappeler qu'en janvier dernier (au moment de la dégradation par S&P), ils ont connu une poussé à 6,59% contre 6,35% en décembre et sont même montés jusqu'à 6,66% en février avant de refluer progressivement.