Mittal : Dunkerque, fragile exception

ArcelorMittal a confirmé mercredi la réouverture "au cours de la semaine du 17 janvier" d'un haut-fourneau de son usine de Dunkerque. © MAX PPP
  • Copié
, modifié à

Le sidérurgiste va redémarrer un haut fourneau dans le Nord, arrêté depuis août.

L'INFO. Bonne nouvelle pour les salariés d'ArcelorMittal. Le sidérurgiste a confirmé mercredi la réouverture "au cours de la semaine du 17 janvier" d'un haut-fourneau de son usine de Dunkerque, fermé depuis août. Il était "en arrêt programmé de maintenance et devait redémarrer lorsque les conditions de marché le permettraient", a indiqué le groupe dans une déclaration envoyée à la presse. La CGT avait déjà évoqué un peu plus tôt cette éventualité, se réjouissant de la résurrection d'un site que certains voyaient déjà condamné.  

L’objectif : "répondre aux besoins des clients". Le groupe, qui avait tout de même investi 8 millions d'euros pour la maintenance du haut-fourneau, a expliqué sa décision par "une légère reprise technique en Europe, du fait d'un phénomène de restockage de l'acier chez les clients, lié à la faiblesse des stocks". "La demande d'acier européenne reste largement inférieure aux niveaux d'avant crise. Mais nous constatons une légère reprise technique au début de cette année", a renchéri le directeur général d'ArcelorMittal Atlantique et Lorraine, Henri-Pierre Orsoni. "C'est la raison pour laquelle nous réagissons rapidement en redémarrant le haut-fourneau n°2 de Dunkerque, afin de nous assurer de répondre aux besoins de nos clients", a-t-il poursuivi.

De l'emploi pour une centaine d'intérimaire ? "C'est une excellente nouvelle, même si malheureusement c'est lié à la fermeture de Liège et Florange", s'est immédiatement réjoui le délégué CGT Philippe Collet. Le syndicaliste espère que ce redémarrage permettra au site de retrouver 100% de son activité, ce qui pourrait permettre, selon lui, à une centaine d'intérimaires de revenir y travailler. Le site de Dunkerque dans son ensemble emploie plus de 3.300 salariés avec trois hauts-fourneaux en fonctionnement.

Pour combien de temps? Le sidérurgiste ne précise pas si cette reprise sera durable ou non… et si elle survivra à la fin de cette "légère" reprise. Mais ses déclarations laissent peu d'espoir. "Cette réouverture ne signifie pas une reprise de la demande au niveau européen", concède en effet une représentante du producteur d'acier à La Tribune.

Un contexte toujours tendu. Dunkerque fait tout de même figure d'exception en Europe, continent qu'ArcelorMittal  semble vouloir délaisser. Le groupe a procédé récemment à plusieurs arrêts et fermetures d'usines, comme à Liège ou Florange, après un affrontement de plusieurs mois avec le gouvernement français. "En quelques mois, Mittal a rayé la stratégie  qui était de produire des aciers de très grande qualité, que les clients acceptaient de payer plus cher et qui permettait de garder la sidérurgie en Europe de l’Ouest. Il a transféré les savoir-faire et les brevets en Indonésie notamment", analysait ainsi il y a peu un connaisseur du dossier cité par Mediapart. Reste donc à savoir combien de temps l'exception Dunkerque subsistera.