Livret A : la fin du désamour ?

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© GUILLAUME BAPTISTE/AFP
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ÉPARGNE - Pour la première fois depuis presque un an, les épargnants ont déposé plus d’argent qu’ils n’en ont retiré.

Il est probablement un peu tôt pour parler d’un retournement de tendance, mais les chiffres sont là : en mars, les dépôts d'argent ont dépassé les retraits effectués sur le Livret A, une première depuis mai 2014. Une collecte nette qui se chiffre à 110 millions d'euros, selon des données publiées mardi par la Caisse des dépôts.

La fin d’une hémorragie. Si les chiffres de mars sont si surprenants, c’est qu’ils mettent fin à une longue période  de décollecte : depuis mai 2014, les épargnants retiraient systématiquement plus d’argent qu’ils n’en déposaient sur leur Livret A. Résultat, le montant total placé sur des Livret A en France a reculé de 6,13 milliards d’euros.

Le Livret A victime des taux bas. Cette désaffection des épargnants s’explique par le niveau bas des taux d’intérêt. Pour juguler la crise de la dette et favoriser une reprise de l’activité, la plupart des banques centrales ont injecté des liquidités dans le système financier. Résultat, l’argent coûte de moins en moins cher, ce qui a des conséquences contrastées : si les acheteurs de bien immobilier s’en félicitent - ils profitent de taux d’intérêt très bas -, les épargnants en pâtissent puisque les taux de rémunération de la plupart des placements financiers ont reculé.

Le Livret A a donc vu son taux de rémunération baisser au cours des dernières années, le rendant de moins en moins attractif : il n’est plus que de 1% actuellement, contre 2,25% début 2012. Mais cela aurait pu être pire : si la formule permettant son calcul avait été appliquée à la lettre, le rendement de ce produit d'épargne aurait dû chuter à 0,25% au 1er février en raison de la faiblesse de l'inflation. Le gouvernement a préféré ne pas l’appliquer telle quelle pour éviter un exode des épargnants, car le montant des sommes placées sur un Livret A dépend du taux de rémunération, comme le montre cette infographie :

Logiquement, le taux de rémunération restant bas, à 1%, les retraits auraient dû continuer en mars, mais une nouvelle donne intervient : l’inflation, proche de zéro. Résultat, même avec une rémunération de 1%, le Livret A redevient rentable. Sans oublier une autre explication, saisonnière, avancée par Les Echos : les Français ont pris l’habitude d’épargner davantage au mois de mars que sur le reste de l’année. Mais une nouvelle baisse du taux de rémunération, décidée le 1er mai ou le 1er août, pourrait casser cette dynamique et provoquer une nouvelle fuite de l’épargne. 

Même évolution pour le LDD. En ce qui concerne le Livret de développement durable (LDD), lui aussi rémunéré à 1%, les dépôts ont également dépassé les retraits en mars, à hauteur de 250 millions d'euros, ce qui ramène la décollecte nette à 180 millions d'euros sur les trois premiers mois de l'année. Au total, 363,2 milliards d'euros étaient déposés fin mars sur ces deux produits de placement dont les encours permettent notamment de financer le logement social en France.

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