Les taxis manifestent contre le low cost

Les taxis avignonnais défilent mardi dans les rues de la cité des Papes, accompagnés par leurs collègues de toute la région.
Les taxis avignonnais défilent mardi dans les rues de la cité des Papes, accompagnés par leurs collègues de toute la région. © MAXPPP
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avec Nathalie Chevance , modifié à
Les taxis du Sud-Est manifestent pour dénoncer l’apparition de nouveaux concurrents à bas coût.

Après le rapport Attali, les conducteurs de taxi ont trouvé leur nouvelle bête noire : Easy Take, un nouveau transporteur qui casse les prix en Provence en profitant d’une faille dans la loi. Mais la profession, très réglementée, n’entend pas se laisser faire et manifeste mardi à Avignon, dans le Vaucluse.

Les taxis low cost se multiplient à Avignon

Une vingtaine de véhicules, de couleur verte et couverts de publicités, ont montré le bout de leur capot il y a 13 mois dans la cité des Papes, et d'autres devraient bientôt circuler à Nîmes (Gard), Cavaillon (Bouches-du-Rhône) et Montpellier (Hérault).

Et ce à des prix forfaitaires "défiant toute concurrence et sans surprise", valables pour une à quatre personnes, jour et nuit, sept jours sur sept et sans supplément bagages. Sept euros jusqu'à sept kilomètres, par exemple, contre 13 euros pour un trajet similaire en taxi traditionnel.

Une réussite qui inquiète les taxis

Avec une course moyenne de 21 euros, Easy Take, qui emploie 44 chauffeurs, a déjà transporté près de 80.000 personnes. Une réussite qui se traduit pour les taxis traditionnels par une chute d’activité allant jusqu’à 30%, selon le Syndicat des artisans-taxis du Vaucluse.

Pour Jean Capezza, son président, "c'est l'Etat qui a faussé le jeu de la concurrence loyale" dans cette affaire, avec le risque d'une "déréglementation totale de la profession". Les taxis pensaient y avoir échappé en signant un protocole d'accord en mai 2008 avec le ministère de l'Intérieur, après avoir contesté le rapport Attali qui préconisait la fin de leur monopole.

Une brèche dans la législation

Conduire un taxi nécessite une licence, dont le nombre est limité et le prix très élevé. Pour se passer de telles licences, Easy Take profite d’une loi, adoptée le 22 juillet 2009, pour moderniser les services touristiques.

Cette dernière a simplifié le régime juridique des voitures de tourisme avec chauffeur, qui ne nécessite plus une licence, délivrée par le préfet, mais se limite désormais à simple déclaration. Les préfectures ne délivrent plus que des cartes professionnelles à ces nouveaux chauffeurs, qui doivent néanmoins répondre à plusieurs conditions d'aptitude.

“Ca va très mal se passer“

“Ils nous enlèvent du travail“, dénonce Serge, un chauffeur de taxi marseillais, qui ajoute : “Déjà que nous sommes dans une conjoncture très très difficile, on nous impose des gens comme ça… Mais je crois que s’ils viennent à Marseille, je pense qu’il risque d’y avoir le feu, comme on dit quand on va au stade. Ca va très mal se passer“.

Fin novembre, le Tribunal de grande instance d'Avignon, saisi par les taxis, a condamné Easy Take pour avoir exercé jusqu'à fin mars 2010 sans immatriculation. Mais, sur le principe, la concurrence a été jugée loyale. La cour d'appel de Nîmes réexamine l'affaire le 15 mars.