Les Français et la peur d’être "déclassés"

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Avec la crise, même les classes moyennes et supérieures sont concernées, explique le sociologue Eric Maurin.

C’est une des conséquences de la crise : au risque de "déclassement", vient s’ajouter depuis quelques mois la "peur du déclassement". "Le déclassement, c’est ce qui atteint les marges de la société, c’est la perte de statut. Et dans une société comme la société française, c’est rare", explique Eric Maurin, mercredi sur Europe 1. Alors que "la peur du déclassement, ce n’est pas le risque réel de perdre son statut, c’est ce qu’on risque de perdre si on perd son statut", a précisé le sociologue qui publie "La peur du déclassement". Problème : avec la crise, cette peur du classement se diffuse et "atteint l’ensemble de la société, y compris les classes moyennes et supérieures".

Un phénomène qui explique, Eric Maurin, certains comportements : déménager pour éviter certains quartiers ou se tourner vers l’enseignement privé en cas d’échec scolaire. Il y a "une lutte de tous contre tous, notamment à l’école", s’inquiète le sociologue.

Retrouvez l'intégralité de l'interview d'Eric Maurin au micro de Jean-Pierre Elkabbach, en vidéo :

Cette peur du déclassement a des conséquences très concrètes : "psychologiquement, les gens font tout pour conjurer le déclassement et se mettre à l’abri donc politiquement ils n’acceptent aucune remise en cause de leur statut", explique Eric Maurin.

Quels remèdes face à cette situation ? Le sociologue met en garde contre le réflexe qui consisterait à renforcer la protection des salariés déjà installés. "Ça augmente les inégalités de statut, ça augmente la valeur de ce qu’on perd en cas de déclassement et donc ça augmente la peur", explique-t-il. Pour Eric Maurin, mieux vaudrait par exemple aider les chômeurs "pour que la perspective de perdre son emploi soit moins agressante, moins radicale".

Eric Maurin, La peur du déclassement, Le Seuil.