Le plan de Total pour sauver ses raffineries

© PATRICK VALASSERIS / AFP
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Noémi Marois
ÉCONOMIE - Le groupe français devrait annoncer jeudi une reconversion du site de la Mède et une modernisation de celui de Donges.

Total ne veut plus perdre d'argent avec ses activités de raffinage où il emploie en France 3.800 salariés. C'est pourquoi jeudi, il annoncera, selon des sources syndicales, un plan de restructuration lors d'un comité central d'entreprise. Une reconversion et des investissements concerneraient deux de ses cinq sites en France, à savoir La Mède dans les Bouches-du-Rhône et Donges en Loire-Atlantique, a révélé lundi Les Echos. Patrick Pouyanné, le directeur général de Total, a déjà cherché à rassurer : aucun site ne sera fermé et aucun salarié non cadre ne sera conduit à une mobilité forcée. Le géant pétrolier veut éviter que le scénario traumatisant de la fermeture du site de Dunkerque en 2010 ne se reproduise. Elle s'était accompagnée d'une grève de plusieurs semaines et du blocage de plusieurs centaines de milliers de tonnes de pétrole brut.

Des biocarburants à La Mède. Concernant La Mède, qui perd entre 142 et 161 millions d'euros par an et emploie 430 personnes, perdrait ainsi ses activités de raffinage de pétrole brut pour se reconvertir dans la production de biocarburants, à partir d'huiles végétales. Aujourd'hui, La Mède raffine à hauteur de 153.000 barils par an. 

Pour préparer le terrain, des réunions avec les représentants des personnels de La Mède ont déjà eu lieu les 24 février et 9 mars dernier. Total n'y a cependant pas avancé de montant précis concernant les investissements, ni évoqué le nombre de suppressions de postes. Patrick Pouyanné a cependant avancé que pour restructurer La Mède, il s'inspirerait du site pétrochimique de Carling en Lorraine où en parallèle des 160 millions d'euros investis, 210 suppressions de postes avaient eu lieu, partagées entre départs volontaires et plan de préretraite. 

Des investissements à Donges. En Loire-Atlantique, sur le site de Donges où 680 salariés raffinent par jour plus de 200.000 barils, Total devrait annoncer des investissements pour moderniser et ainsi rentabiliser les installations. Les élus locaux et les salariés espèrent voir s'implanter un centre de traitement de fioul lourd ou encore de gasoil afin de le rendre conforme aux normes mondiales, rapporte le journal Presse Océan. 

Mais le groupe français exige, avant cela, que la ligne SNCF Nantes-Le Croisic, qui passe actuellement sur le site, classé Seveso, soit déplacée "d'ici 2020 ou 2021", rapporte aussi Presse Océan. L'Etat, les collectivités locales et Total enfin devraient financer ce contournement à hauteur d'un tiers chacun. 

Pourquoi les raffineries françaises vont mal ? Selon un rapport de l'Union française des industries pétrolières (Ufip) publié en mars, un quart des 79 raffineries européennes devraient fermer d'ici 2040 à cause de déficits trop importants. Les huit raffineries françaises n'échappent pas à ces mauvais chiffres avec 700 millions d'euros de pertes chaque année. 

La raison de cette morosité est que l'Europe a moins besoin d'essence. Les Français, par exemple, consomment 15% d'essence en moins par rapport à 2009. Par conséquent, les raffineries de l'Hexagone ne tournent qu'à 80% de leurs capacités. 

Mais les activités des raffineries françaises souffrent aussi de la concurrence internationale. Transformer du pétrole en essence demande énormément d'énergie, ce qui représente 40% des coûts. À ce jeu-là, Les Etats-Unis sont les plus compétitifs grâce à leur gaz de schiste, abondant et pas cher. Résultat, l'Europe achète aux États-Unis du diesel moins cher que celui produit chez elle. 

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