Le business de la mémoire fait son trou

De plus en plus de société se développent pour proposer des exercices de stimulation cérébrale.
De plus en plus de société se développent pour proposer des exercices de stimulation cérébrale. © MaxPPP
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Frédéric Frangeul
De plus en plus de société misent sur cette activité pour attirer les clients.

Happyneuron, Learning Club, SOS Cerveau…Autant de sociétés qui investissent la problématique de la mémoire en France. Avec l’espoir de séduire une population vieillissante ou inquiète des risques liés à la maladie d’Alzheimer. Signe de l'intérêt suscité par ce qui touche à la mémoire, le jeu vidéo Dr Kawashima, un programme d'entraînement cérébral, s'est vendu à plus de 20 millions d'exemplaires dans le monde depuis 2006.

"La nécessité de faire travailler sa mémoire"

Pionnière sur ce marché, Scientific Brain Training (SBT) propose des stages de formation à destination des entreprises ou de professionnels de santé. Présentant un chiffre d’affaires de 1,3 million d’euros pour sa branche prévention et santé, elle a créé pour le grand public le site internet Happyneuron. Au menu, tout une série d’activités pour stimuler l’activité cérébrale.

"Il y a une prise de conscience de la nécessité de faire travailler sa mémoire", explique Sandrine Bellier, docteur en psychologie cognitive au service de SBT. "C’est une évidence scientifique : le fait d’avoir une activité stimulante tout au long de sa vie peut retarder l’apparition de maladies dégénératives", précise-t-elle. Un argument de poids à une époque  où la maladie d’Alzheimer touche 36 millions de personnes dans le monde, un chiffre qui pourrait tripler d'ici 2050.

Les spécialistes restent sceptiques

Reste que les spécialistes se montrent dubitatifs sur l’intérêt supposé de ces méthodes pour retarder l’apparition d’une maladie comme Alzheimer. "Ça fait vivre beaucoup de gens, mais l’efficacité de telles méthodes n’a jamais été formellement démontrée", juge le professeur Bruno Dubois, chef du service de neurologie à l’hôpital de la Pitié Salpêtrière à Paris.

D’autant que les sociétés offrant de stimuler la mémoire savent jouer de la confusion entourant la maladie d’Alzheimer. "C’est vrai, le fait qu’on parle beaucoup d’Alzheimer peut créer des peurs infondées", admet Sandrine Bellier.

Cette analyse est partagée par Pia Martin, manager chez Cegos, une entreprise organisant des formations pour les entreprises. "A l’approche de la retraite, certains salariés nous font part de leurs craintes d’être un jour atteints de la maladie d’Alzheimer", confie Pia Martin. Une raison qui motive les inscriptions des salariés à des stages consacrés au travail sur la mémoire. Chez Cegos, elles sont en hausse de 18% sur un an.