Le Royaume-Uni dit oui au gaz de schiste

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Thomas Morel avec agences , modifié à
Le ministre des Finances a annoncé une baisse de la fiscalité sur l'exploitation du gaz de schiste afin d'accélérer son développement.

Alors que le gouvernement français refuse toujours toute exploitation des gaz de schiste, Londres prend le chemin inverse. Vendredi, le ministère des Finances britannique a annoncé une baisse substantielle de la fiscalité sur la production de cet hydrocarbure, qui devrait passer de 62 % à 30 %. Avec un objectif : faire du Royaume-Uni l'un des leaders du gaz de schiste.

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D'importantes réserves en sous-sol. Le Royaume-Uni profite de la levée, fin 2012, du moratoire qui interdisait la fracturation hydraulique, en l'accompagnant de contrôles renforcés pour éviter les risques sismiques. Mais le pays capitalise surtout sur la réévaluation récente de ses réserves d'hydrocarbures : selon un rapport du British Geological Survey, les ressources du seul nord de l'Angleterre seraient deux fois supérieures à la précédente estimation portant sur l'ensemble du pays. Une aubaine, qui met potentiellement le pays à l'abri du besoin pour de nombreuses années. Le président du groupe pétrolier IGas a ainsi expliqué début juin sur les ondes de la BBC que les réserves du sous-sol britannique étaient suffisantes pour que le pays devienne "autosuffisant pendant des décennies".

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Des milliers d'emplois en jeu. Pour Londres, l'enjeu dépasse largement la seule question du mix énergétique. Vendredi, George Osborne a insisté sur le fait que le gaz de schiste "a le potentiel de créer des milliers d'emplois et de maintenir les factures à un bas niveau pour des millions de gens". En période de difficultés économiques, une telle manne n'a pas de prix. D'ailleurs, pour s'assurer que les populations locales profiteront bien des retombées, le gouvernement a annoncé qu'au moins 100.000 livres (116.000 euros) par puits devront être investies par les compagnies pétrolières au profit des habitants concernés.

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Un "cadeau honteux", disent les écologistes. Ces propositions doivent faire l'objet d'une consultation avant de pouvoir être intégrées dans la loi de finances 2014. Mais pour voir le jour, elle devra surmonter l'obstacle des écologistes. La fracturation hydraulique consiste en effet à injecter dans la roche de l'eau mélangée à des produits chimiques pour en libérer le gaz de schiste. Une méthode jugée très polluante par les associations de protection de la nature, ce qui explique qu'elle soit rigoureusement interdite en France.

Outre-Manche, c'est l'association Friends of the Earth (Les Amis de la terre, ndlr) qui est montée au créneau, dénonçant un "cadeau honteux" fait à des "groupes énergétiques pollueurs". L'association a également trouvé des alliés de poids en la personne des entreprises de traitement des eaux usées, qui craignent une potentielle contamination des eaux usées. "La qualité de notre eau potable doit être maintenue à tout prix", a ainsi alerté Water UK, qui réunit l'ensemble des acteurs du secteur.