Le G20 n’est pas dans son assiette

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Les grands de ce monde se mettent à table pour parler économie mondiale. Le menu est chargé.

Dans la foulée du G8 qui s'est ouvert vendredi à Huntsville au Canada, les membres du G20 se retrouvent samedi et dimanche à Toronto pour discuter économie internationale. Dans un contexte économique toujours difficile avec une zone euro encore en pleine crise, certains sujets comme la taxation des banques ou les plans d’austérité, risquent de tendre les discussions. Petit tour de table des festivités au programme :

La guests list : le G20 est un groupe formé de pays riches et émergents assurant 85% de la richesse mondiale. Cette année participeront au G20 : l’Argentine, l’Australie, le Brésil, le Canada, la Chine, la France, l’Allemagne, l’Inde, l’Indonésie, l’Italie, le Japon, le Mexique, la Russie, l’Arabie Saoudite, l’Afrique du Sud, la Corée du Sud, la Turquie, le Royaume-Uni, les Etats-Unis et l’Union européenne. Pour Christian de Boissieu, économiste, le sommet de Toronto va surtout "permettre de montrer le monde tel qu’il est aujourd’hui, avec des pays émergents comme le Brésil, la Chine ou l’Inde qui occupent une place de plus en plus importante sur la scène économique mondiale".

Le menu : Selon le programme officiel, c’est "la situation économique internationale", qui sera au cœur des débats ce week-end. Mais il s’agira surtout d’une occasion pour les pays participants d’assoir la légitimité de ce sommet dans le paysage politique et économique mondial. "On attend moins de ce G20 que de celui Pittsburgh (qui s’est tenu en 2009), il sera moins décisif", explique l’économiste Christian de Boissieu, car les points d’achoppement sont nombreux.

La pomme de discorde : cette année les dirigeants se réunissent dans un climat quelque peu tendu puisque les Etats-Unis et l’Europe semblent avoir des visions divergentes en matière de gestion de crise économique et de stratégie de relance. Alors que les Européens, la chancelière allemande Angela Merkel en tête, défendent leurs programmes d'austérité budgétaire, le président américain Barack Obama a au contraire demandé à ses partenaires de "renforcer la reprise" en stimulant la consommation.

Le G20 marche sur des œufs : autre sujet qui fâche, la taxation bancaire. Là où la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni ont décidé de taxer les banques, l’Australie, le Canada, le Japon et les Etats-Unis s’y opposent fermement. Il faudra donc trouver un point d’entente, avant le G20 de Séoul qui se tient les 11 et 12 novembre prochains. C’est à cette occasion que doivent être présentés les contours définitifs du nouveau cadre réglementaire. Les nouvelles règles prudentielles devraient, elles, entrer en vigueur fin 2012.

Les grands mettront de l’eau dans leur vin : malgré leurs désaccords, il faudra que les Etats-Unis, l’UE et les autres participants au sommet trouvent un terrain d’entente. Certaines discussions, notamment sur la régulation bancaire en vue des accords Bâle III, s’annoncent, elles, constructives. "De plus, les membres du G20 se retrouvent sur certains thèmes comme la lutte contre les paradis fiscaux", souligne Christian de Boissieu.

Un peu de beurre dans les épinards : mais pour le G20 soit à la hauteur de ses ambitions, il faut lui donner les moyens qu’il mérite. "Cette organisation doit évoluer. Il faudrait, par exemple, qu’elle se dote d’un secrétariat permanent afin que le G20 s’installe durablement dans le paysage économique", analyse Christian de Boissieu.

Depuis sa création en 1999, le G20 a sensiblement évolué. En 2008, par exemple, ce ne sont plus seulement les ministres des finances qui se sont réunis, mais les chefs d’Etat de chaque pays participant. Le G20 est vu, par un grands nombre d’économistes, comme l’avenir de la gouvernance mondiale économique, car "il est représentatif des rapports force mondiaux", explique Christian de Boissieu. L’économiste souligne néanmoins, que l’organisation sera sûrement amenée à évoluer en s’ouvrant à certains pays d’Afrique, jusque-là continent sous représenté.