La croissance française repart du bon pied

Christine Lagarde
Christine Lagarde
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avec AFP , modifié à
1er signe d'une sortie de crise ? La croissance au 1er trimestre 2011, à 1%, surpasse les prévisions.

"Tous les clignotants sont au vert", c'est une "très bonne nouvelle pour l'économie française". La ministre de l'Economie, Christine Lagarde n'était pas peu fière, jeudi soir, d'annoncer les bons chiffres de la croissance française.

L'objectif de 2% maintenu

S'établissant à 1% tout rond, la croissance économique au premier trimestre 2011 a surpassé toutes les prévisions des experts, une bonne surprise pour l'économie française, d'emblée sur les rails pour atteindre l'objectif de 2% que s'est fixé le gouvernement.

"Je maintiens ma prévision de croissance à 2%", a déclaré Christine Lagarde qui a admis qu'il est "très possible" que le deuxième trimestre soit moins brillant comme le pronostiquent la plupart des économistes. "Il serait naturel qu'il soit un peu moins fort", a-t-elle observé. "On est en train d'entrer dans un cycle vertueux après des moments très difficiles", a cependant poursuivi la ministre de l'Economie, ajoutant : "la machine est relancée".

Une annonce de François Fillon

Ce chiffre de la croissance a été confirmé vendredi matin par l'Insee (le détail est publié sur insee.fr) mais le Premier ministre François Fillon a choisi d'annoncer lui-même, fait exceptionnel, qu'il serait "supérieur à 0,8%" lors du JT de TF1 jeudi soir. "La croissance au premier trimestre 2011 est de 1%, c'est le plus fort taux de croissance depuis le deuxième trimestre 2006", a ensuite précisé Christine Lagarde dans la soirée.

Le chiffre enregistré au premier trimestre est plus de deux fois supérieur à celui du dernier trimestre de 2010 (0,4%) mais aussi, comme l'a souligné François Fillon sur TF1, "le double de la Grande-Bretagne et plus de deux fois la croissance dans la même période aux Etats-Unis". Reste que la croissance française est encore inférieure à celle annoncée par l'Allemagne : la première économie d'Europe affiche pour le trimestre janvier-mars une croissance de 1,5%.

Une embellie de coutre durée ?

D'emblée cependant, les économistes ont mis en garde contre les excès d'enthousiasme, faisant valoir que le deuxième trimestre sera certainement affecté par la flambée des cours du pétrole.

Pour Jean-Paul Betbèze (Crédit agricole), ce "premier trimestre excellent" reflète une "situation économique qui s'améliore et une compétitivité des entreprises restaurée". Lui-même, après avoir revu ses prévisions de croissance à la hausse, tablait plus modestement sur 0,6% au premier trimestre et 1,6% pour l'année. "Pour tempérer les enthousiasmes", Jean-Paul Betbèze estime cependant que "le deuxième trimestre sera plus bas avec le contre-coup de la hausse du pétrole".

Selon Nicolas Bouzou (Astères), qui a reconnu lui aussi sa "surprise", démarrer avec 1% au premier trimestre garantit "mécaniquement une croissance relativement forte sur l'année, égale ou supérieure à 2%". Prudent, il attend cependant de "voir d'où vient cette croissance, d'un mouvement de restockage technique qui ne serait pas pérenne ou d'une reprise forte des exportations et des investissements".

De plus, relève-t-il, "il y a toujours une crise budgétaire dans trois pays européens" et, par conséquent, "une épée de Damoclès au-dessus de nos têtes".

Risque "d'une douche froide"

L'économiste Marc Touati est encore plus pessimiste : "c'est surtout un phénomène de rattrapage", a-t-il déclaré, vendredi matin sur Europe 1. "Il risque même d'y avoir une douche froide au 2e ou 3e trimestre", explique-t-il encore, craignant même une baisse du PIB à la fin de l'année.

Cette annonce crée cependant un véritable effet de surprise. Dans sa dernière note de conjoncture, l'Institut national de la statistique (Insee) tablait sur un rebond de la croissance au premier trimestre, mais de 0,6% seulement, suivi d'un ralentissement à 0,4% au deuxième.