La France est-elle victime de la "fuite des cerveaux" ?

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La population française d'expatries qualifiés ne cesse de progresser. Parallèlement, le pays attire aussi de jeunes talents.

La fuite des cerveaux hors de France est-elle une réalité ? Pour répondre à cette question, à l'heure où le pays "a besoin de ses forces vives pour relancer sa machine économique", la Chambre de commerce et de l'Industrie Ile-de-de France (CCIP) a publié une étude afin de répondre à cette question. Où vivent les Français expatriés ? Le nombre de Français vivant à l'étranger croîtrait de 3 à 4% par an et se serait établi entre 1,5 et 2 millions fin 2012, d'après les données compilées par la CCIP. A titre de comparaison la population hexagonale croît d'environ 0,6% par an. Près de 40% des Français établis à l'étranger résident en Suisse, aux �?tats-Unis, au Royaume-Uni, en Belgique et en Allemagne. En outre, plus de la moitié des expatriés (51%) habiteraient en Europe de l'Ouest, loin devant l'Amérique du Nord (13%) qui arrive en deuxième position. L'étude précise par ailleurs que l'Asie attire de plus en plus. "La croissance de la population française dans ces zones y est supérieure à la moyenne", conséquence de la forte expansion des économies émergentes. Des Français en âge de travailler, à fortes compétences Les premières données de l'étude laissent en effet craindre une "fuite des cerveaux" puisque la plupart des Français partant vivre à l'étranger sont en âge de travailler, 24% d'entre eux ayant entre 26 et 40 ans et 26% entre 41 et 60 ans, mais pas seulement. Plus de la moitié ont un niveau de Master ou Doctorat alors qu'en France, seulement 12,5% de la population à un niveau supérieur à un bac +2 (enquête INSEE 2011). Et les Français partent clairement pour une opportunité professionnelle qui "peut être liée à l'intérêt du poste (37 % des Français de l'étranger seraient concernés), à l'augmentation des revenus (32 %) ou bien aux opportunités d'évolutions de carrière (42 %)", soulignent les auteurs de l'étude. Ils travaillent notamment dans le secteur des services (27%), l'éducation (14%) ou encore l'industrie au sens large (13%). A quand le retour ? Quant aux intentions de retour, les perspectives économiques étant moroses en France, les opportunités professionnelles qui pourraient les motiver sont peu nombreuses, explique la CCIP. Ainsi, 47% des expatriés interrogés l'an dernier indiquaient "ne pas avoir pris de décision à ce stade". Leur durée de séjour s'allonge et s'explique également par le fait qu'ils sont de plus en plus nombreux à être sous contrat local, sans durée fixe (50%) ou entrepreneurs (18%) et de moins en moins détachés pour une entreprise française (19% contre 36% en 2003). Il faudrait donc que les entreprises françaises désireuses de recruter de tels profils mettent en place des politiques d'incitation au retour, suggère la Chambre de commerce. La France attire les jeunes talents Faut-il s'en inquiéter ? Pas forcément, car le CCIP note que la grande majorité des Français demeure attachée à son pays d'origine. Par ailleurs, la population française d'expatriés est moins élevée que celle du Royaume-Uni, de l'Italie ou encore de l'Allemagne (2,9% en 2010 contre respectivement 7,6%, 6% et 5,2%). Enfin, la France attire elle aussi de jeunes étudiants diplômés. "Le rapport entre émigration et immigration qualifiées y serait très bon, (l'Hexagone) étant classé quatrième pays parmi les " bénéficiaires nets" après les �?tats-Unis, le Canada et l'Australie, mais devant le Royaume-Uni", peut-on lire dans l'étude, qui conclut finalement que "l'idée d'un mouvement massif de fuite des talents, spécifique à la France, ne semble donc pas correspondre à la réalité"...