La BCE réduit ses taux par surprise

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Marion Sauveur avec AFP , modifié à
Le nouveau président de la Banque centrale européenne a souhaité rassurer les marchés jeudi.

Economistes et marchés financiers attendaient un geste fort de la part de la Banque centrale européenne (BCE) en réaction à la crise que traverse la zone euro. Elle les a entendus. Contre toute attente, Mario Draghi a ainsi décidé d'abaisser jeudi son principal taux directeur de 25 points de base, à 1,25%. Mais pas seulement. Le nouveau président de la BCE a ramené le taux de facilité de dépôt à 0,5% et le taux de prêt marginal à 2,0%.

L'annonce de la BCE a donné un coup de fouet aux Bourses européennes, tandis que l'euro est passé sous 1,38 dollar. A la Bourse de Paris, l'indice Cac 40 gagnait 2,8% vers 13h15 GMT.

Un changement de cap pour apaiser les marchés

Cette "décision unanime" des 17 gouverneurs de l'institution intervient trois jours après l’arrivée à la présidence de Mario Draghi. L’économiste italien, qui a succédé mardi à Jean-Claude Trichet, veut visiblement imposer une nouvelle stratégie.

La baisse des taux décidée jeudi marque un changement de cap de la part de la banque centrale, qui avait augmenté ses taux en avril et en juillet. Elle était la première banque centrale à l'avoir fait après la crise financière. Depuis le 7 juillet, la BCE avait observé le statu quo.

Des "risques" croissants pour l’économie

Mario Draghi s'est montré alarmiste jeudi pour la croissance, lors de sa première conférence de presse à la tête de la BCE. Le président de la Banque centrale européenne a assuré que l'économie de la zone euro était affectée par des "risques" et des "incertitudes particulièrement hautes et persistantes".

Il a aussi jugé "très probable une révision à la baisse significative des prévisions de croissance en 2012" de la BCE en décembre. Et ce, alors qu’en septembre, la BCE avait déjà baissé sa prévision de croissance pour la zone euro en 2012 à 1,3% contre 1,7% trois mois plus tôt. Pour cette année, la BCE table pour l'instant sur une croissance de 1,6%.

Dans le même temps Mario Draghi a expliqué que l'inflation restait "élevée" dans la zone euro mais qu'elle allait "diminuer au cours de l'année 2012, sous les 2%" contre 3% aujourd'hui, conformément à l'objectif de moyen terme de la BCE.

Il ne faut pas compter que sur la BCE

Pour autant, la BCE appelé jeudi les gouvernements de la zone euro à ne pas trop compter sur elle pour résoudre la crise de la dette. "La façon de réagir n'est pas de compter sur une aide extérieure", mais de travailler sur "leur capacité à se réformer eux-mêmes", a assuré Mario Draghi interrogé sur la possibilité de voir la BCE augmenter ses rachats d'obligations publiques de pays en difficulté de la région.