L'immeuble Haussmannien

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Quand, au milieu du XIXe siècle, Napoléon III entreprit de moderniser Paris, il fit appel à un fonctionnaire de province, Georges Eugène Haussmann, le nommant préfet de la Seine pour la circonstance. A cette époque, Paris est une ville sombre et sale, conglomérat de vieilles bâtisses et de ruelles sordides, pratiquement sans égout ni eau courante, héritière d’un Moyen-Age pourtant lointain.

Quand, au milieu du XIXe siècle, Napoléon III entreprit de moderniser Paris, il fit appel à un fonctionnaire de province, Georges Eugène Haussmann, le nommant préfet de la Seine pour la circonstance. A cette époque, Paris est une ville sombre et sale, conglomérat de vieilles bâtisses et de ruelles sordides, pratiquement sans égout ni eau courante, héritière d’un Moyen-Age pourtant lointain.

 

 

Toutefois notre propos n’est pas de raconter ici la réhabilitation de Paris mais de décrire l’immeuble qu’on qualifie aujourd’hui de haussmannien même si cela concerne des bâtiments antérieurs à 1850 et, surtout, qui vont bien au-delà des seize années qu’a passées Haussmann à la tête de la préfecture de Paris. Un style architectural qu’on retrouve également en province (Rouen, Toulouse, Bordeaux, Lyon, etc.).

 

 

 

 

Etat des lieux

 

Pour comprendre la révolution que constituèrent les travaux de Haussmann, il faut se représenter l’habitat urbain en ce XIXe siècle. La notion de copropriété et d’appartement reste à inventer, et même le vocable « immeuble » n’est pas utilisé pour décrire les bâtiments d’habitation, qui sont alors des maisons de rapports ou à loyers.

 

Un tissu urbain insalubre qui reste largement continuateur des siècles précédents avec des immeubles à la façade plâtrée ou de briques, et le plus souvent étroite car inscrite sur de petites parcelles. Pas d’appartements donc, mais parfois une boutique en rez-de-chaussée et, dans les étages supérieurs, une suite de pièces qui s’étendent sur toute la profondeur du bâtiment.

 

 

 

 

Il fallait voir grand.

 

Le projet de Haussmann, du moins dans sa première partie, se limitait à la réhabilitation du centre de Paris afin d’y attirer les nouvelles couches bourgeoises. On perça de grands axes, récupérant ainsi des îlots entiers à grands renforts d’expropriations, bien que la réunion de parcelles s’y avérât particulièrement compliquée. On parvint cependant à construire, dans les vieilles rues, des bâtiments qu’on peut aisément reconnaître aujourd’hui par leur situation en retrait de la chaussée puisqu’il était prévu, à terme, d’élargir ces rues.

 

Au-delà du centre-ville, et le principe de l’immeuble haussmannien imposant de longues façades, on parvint à réunir de nombreuses parcelles pour non seulement prévoir un grand nombre de pièces sur rue mais aussi pour imposer une cour intérieure, source d’aération et d’éclairage chère aux hygiénistes de l’époque, concevant, pour ce faire, des immeubles en L ou en U.

 

 

 

 

En façade

 

Façade en pierre de taille jusqu’à vingt mètres de largeur, balcon filant, étage d’une certaine hauteur sous plafond, homogénéité des immeubles mitoyens, il semble aisé de reconnaître un immeuble haussmannien ; même si de nombreuses façades ont été refaites selon ces nouveaux critères pour des bâtiments beaucoup plus anciens.

 

La pierre de taille s’impose pour les façades car, grâce à l’évolution des transports, on sait enfin acheminer à coûts raisonnables de gros blocs de pierre (jusqu’alors, on ne pouvait transporter que des pierres de parement). En revanche, sur cour, on conserve les plâtres, briques, meulières et autres pierres de moindre qualité pour des raisons évidentes d’économie. Rez-de-chaussée et premier étage (on disait alors « entresol ») sont séparés des autres niveaux par des stries et des bossages ; on prévoit des balcons, le plus souvent filant sur toute la façade, au deuxième étage mais aussi, en version plus sobre, au cinquième sous les « chambres de bonnes ».

 

 

 

 

 

Des éléments caractéristiques.

 

Les volets métalliques pliants qui apparaissent dès la seconde moitié du siècle peuvent enfin s’inscrire dans les baies et offrir ainsi une façade lisse et unie, contrairement aux volets en bois. Egalement typiques de ces immeubles, les fenêtres sur rue sont de taille identique, ne permettant pas de deviner, depuis l’extérieur, l’usage affecté aux pièces correspondantes. Une uniformité reine dans le concept de Haussmann.

 

Les plus anciens immeubles haussmanniens comportent parfois une porte cochère qui sera construite sur un ou deux niveau(x), afin d’accéder aux écuries situées dans la cour. La toiture est le plus souvent à la Mansart, avec deux pans, mais on en trouve également en demi-cercle, offrant ainsi une plus grande surface dans les combles grâce à deux niveaux habitables.

 

 

 

 

 

L’après Haussmann

 

A la chute du Second empire, l’œuvre de Haussman se poursuivra grâce à ceux-là mêmes qui l’avaient combattu ; ce n’est qu’au début de XXe siècle que l’architecture haussmannienne, uniforme et rectiligne, cèdera le pas à une plus grande originalité des façades. Comprenez bien qu’il n’existe pas de modèle strict de l’immeuble haussmannien car il s’est décliné non seulement au fil du temps, mais aussi d’un quartier à l’autre selon les moyens des propriétaires ; d’autant qu’en raison des problèmes d’expropriation, certains bâtiments n’étaient reconstruits que partiellement et conservaient de nombreuses parties anciennes.