L'emprunt national est "un pari risqué"

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Selon les économistes, il pourrait s’avérer très coûteux pour l’Etat si les investissements choisis sont faiblement rentables.

Le grand emprunt national annoncé par François Fillon est prévu pour 2010 mais il suscite déjà de nombreuses polémiques au sein des économistes. Cet emprunt, dont le montant reste imprécis, "va probablement être très cher pour les finances publiques", prévient Jean-Christophe Caffet, économiste chez Natixis.

Autre crainte évoquée par les spécialistes, la possibilité de l'Etat de faire appel à l'épargne des Français. L'emprunt sera alors "d'autant plus coûteux", avertit Jean-Christophe Caffet, il faudra alors "non seulement rémunérer les banques", qui serviront d'intermédiaires, mais aussi "attirer le chaland avec des taux attractifs", ajoute-t-il.

Le problème est aussi "de définir les secteurs dans lesquels il faut investir et quelle forme cela peut prendre : des subventions, des prises de participation dans des entreprises ? Rien ne dit qu'on sache identifier les secteurs d'avenir, c'est un pari risqué", ajoute l'économiste. "

Anticipant ces critiques, le premier ministre a d'ores et déjà évoqué quelques secteurs d’investissement : "la croissance verte et le développement durable", "l'université de demain et l'économie de la connaissance". Les priorités seront arrêtées à l'issue d'un processus de consultations qui doit durer trois mois.

Enfin, pour rendre l'emprunt moins coûteux, Christian Saint-Etienne, économiste à Paris-Dauphine, suggère que le gouvernement privilégie un simple appel au marché. "Si c'était le cas, il serait vidé de sa substance", l'Etat souhaitant fédérer les Français autour d'un projet, estime toutefois Pierre-Olivier Beffy, économiste chez Exane. Si à l'inverse les Français souscrivent massivement à l'emprunt, "le risque est d'assister à une remontée du taux d'épargne au détriment de la consommation et de la croissance", prévient Alexander Law.

François Fillon a par ailleurs déclaré mardi qu'il "était hors de question que l'emprunt national voulu par Nicolas Sarkozy soit obligatoire", ajoutant "on a dit avec le président de la République qu'il n'y aurait pas d'impôt supplémentaire. Je ne vois pas bien la différence entre un emprunt forcé et un impôt supplémentaire".