L'emploi à domicile accuse le coup

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Sophie Amsili et Olivier Samain
Les salaires versés aux salariés à domicile ont reculé de 4,4% au premier trimestre.

Le chiffre. Il n'y a pas que l'emploi dans les entreprises qui souffre : l'emploi à domicile subit, lui aussi, le choc de la crise. D'après une note publiée lundi soir par l'ACOSS, l'organisme qui collecte les cotisations de Sécurité sociale, la masse globale des salaires versés aux salariés à domicile a reculé de 4,4% au premier trimestre alors qu'elle était restée stable les deux trimestres précédents. Sur un an, la baisse est de 6,6%.

Les assistantes maternelles aussi touchées. La chute concerne surtout les activités "hors garde d'enfant", comme les aides ménagères, les gardes-malades, les aides aux personnes âgées et le soutien scolaire. Dans le champ de la garde d'enfants au domicile des employeurs, si la baisse des salaires versés est moindre (-1,2% sur un trimestre), le volume total des heures déclarées accusent tout de même une baisse de 1% sur un trimestre et -4% sur un an. Pour la première fois, les assistantes maternelles sont aussi touchées : si les salaires versés progressent légèrement, le nombre d'heures déclarées, lui, recule.

L'impact du chômage. La crise économique est la principale raison de ce recul : quand l'horizon économique s'assombrit, les familles commencent par réduire le nombre d'heures versées à leurs salariés. Et si la situation s'aggrave, par exemple si l'un des membres du couple perd son emploi, la solution est plus radicale : la famille renonce à l'emploi d'une personne à domicile non seulement pour limiter ses dépenses mais aussi parce que le parent au chômage prend le relais des tâches effectuées auparavant par le salarié.

"Quand un membre du ménage est au chômage ou passe à temps partiel, (…) quand un des membres du couple rentre à la maison, et c'est malheureusement souvent des femmes, le besoin est moins important et les moyens pour assumer les coûts de cette garde est évidemment réduit", constate Marie-Béatrice Levaux, présidente de la FEPEM (Fédération des particuliers employeurs) pour Europe 1. Au premier trimestre 2013, le nombre de particuliers employeurs a ainsi diminué de 2,3%.

Le coût du travail a augmenté. Deuxième facteur aggravant, "le coût de l'emploi pour les particuliers employeurs a augmenté de manière assez conséquente depuis trois ans", poursuit Marie-Béatrice Levaux. L'abattement de 15% des cotisations sociales a été supprimé en 2011. De plus, le régime forfaitaire, qui permettait de calculer les cotisations sociales sur la base du Smic, a pris fin au début de cette année, obligeant les particuliers employeurs à déclarer les heures au réel. Pour une partie d'entre eux, cela a signifié une hausse des charges. Cette "instabilité" de la fiscalité a rendu les familles plus frileuses. Pour Marie-Béatrice Levaux, "la baisse des allégements sur les charges est une "brèche" qu'il "ne faut pas l'amplifier. Sinon on ne pourra plus maintenir un emploi déclaré et donc décent dans le secteur."