L'absentéisme des salariés en hausse

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Sophie Amsili et Olivier Samain , modifié à
Après trois années de baisse, l'absentéisme a augmenté de 18% en un an avec la persistance de la crise.

Le chiffre. En un an, et après  trois années de baisse régulière, l'absentéisme des salariés a bondi de 18% ! C'est le principal enseignement du baromètre 2012 réalisé par le cabinet de conseil Alma Consulting group, spécialisé dans la prévention de l'absentéisme et des risques professionnels. L'enquête a été réalisée auprès d'un échantillon de 323 entreprises du secteur privé regroupant 315.000 salariés.

Ainsi, un salarié s'absentait en moyenne 16,6 jours en 2012 (soit 4,53% de son temps de travail), contre 14 en 2011. Un phénomène qui a un coût pour les employeurs du secteur privé : près de 7 milliards d'euros.

Explosion dans les services. L'évolution varie selon les secteurs : l'absentéisme recule dans la santé, les transports, le commerce et le BTP. A l'inverse, les salariés se font plus absents dans l'industrie et surtout dans les services, où l'absentéisme a grimpé de 8 jours en un an pour atteindre 20 jours, plus que tous les autres secteurs ! L'activité banque et assurance est la plus touchée.

Un effet indirect de la crise. Pourquoi un tel rebond alors que le contexte économique de crise n'a pas changé par rapport aux trois années précédentes de baisse ? Justement, ce retournement de tendance n'est pas causé par la crise mais par la persistance de celle-ci, selon Yannick Jarlaud, directeur du département Santé, sécurité et environnement d'Alma Consulting qui a piloté l'étude. "Quand la crise apparaît, les équipes se mobilisent pour la survie de leur entreprise, elles sont présentes et se soutiennent", explique Yannick Jarlaud joint par Europe 1. "Mais quand la crise persiste, il y a une lassitude qui gagne les rangs et les collaborateurs peuvent se démobiliser. C'est ce mécanisme qu'on observe aujourd'hui après quatre années de situation compliquée."

Les cadres aussi touchés. L'étude nous apprend également que l'absentéisme, traditionnellement plus fort chez les ouvriers, grimpe fortement en 2012 chez les agents de maîtrise et les techniciens mais aussi chez les cadres. Ces derniers restent toutefois les plus présents au travail (8,3 jours d'absence, contre 15,5 chez les ouvriers). "Au-delà de la pénibilité et des conditions de travail, c’est aussi le sens donné au travail et le manque de visibilité dans le processus global qui concourent à un plus grand absentéisme", selon Yannick Jarlaud. Les spécialistes parlent de "contamination".