Hospitalité : ne faites pas comme chez vous (6)

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L’invitation est courante et généreuse : faites comme chez vous, vous dit votre hôte. Et pourtant … il y a de bonnes raisons de n’en rien faire !

L’invitation est courante et généreuse : faites comme chez vous, vous dit votre hôte. Et pourtant … il y a de bonnes raisons de n’en rien faire !

 

 

 

 

 

 

Ils le méritent !

 

Qui mérite l’hospitalité ? Mais tout le monde voyons ! Hélas, rien ne va ainsi. Nos invités nous ressemblent généralement assez. Nous sommes fort hésitants devant le parfait inconnu et l’étranger absolu à nos mœurs et nous prenons force précautions avant de l’accueillir.

 

Mais nous considérons que l’hospitalité est un devoir envers les membres les plus faibles de notre famille, de notre cercle d’amis ou de notre société. En cela, nous obéissons, consciemment ou non, à d’antiques obligations religieuses que nous avons laïcisées. Nous continuons à faire comme Dieu qui protège, dans toutes les religions, les étrangers, la veuve et l’orphelin.

 

Mais que l’un d’entre ces hôtes commence à voler de ses propres ailes, qu’il guérisse, trouve du travail, s’intègre à une communauté ou trouve du soutien dans une institution de l’État, et nous souhaitons qu’il quitte notre maison. Son séjour était, par définition, temporaire. Sa présence n’est plus, à présent, légitime. Plus encore, nous pensons qu’il devrait partir de chez nous pour son propre bien. Pour qu’il se tienne debout dans la dignité. Nous valorisons tant l’autonomie qu’à nos yeux l’hôte dépendant mérite sans doute notre hospitalité mais qu’il mérite surtout notre estime dès qu’il est autonome et qu’il part de chez nous. S’il reste chez nous alors qu’il a les moyens de partir, il devient déméritant de notre hospitalité. Notre estime pour lui en prend un grand coup.

 

 

 

 

Chez moi comme chez vous

Le mérite de l’accueilli tient aussi à la façon dont il se retient chez son hôte. Pour vous le montrer, imaginez-vous en visiteur. Votre hôte, dans un élan de générosité et parce qu’il est bien élevé prononce la phrase fatidique. Il vous invite à faire, chez lui, comme chez vous. Surtout, n’allez pas le croire ! Remerciez le et tenez-vous en à ne faire, chez lui, que comme chez lui. Car c’est bien là que vous êtes. Chez lui et non pas chez vous.

 

D’ailleurs, vous le savez bien. Vous ne pouvez faire, chez lui et qu’il soit présent ou non, bien des choses. Mettre vos pieds sur la table. Faire une razzia en règle sur le frigo. Laisser traîner vos chaussettes dans l’entrée ou le salon. Ne pas faire votre lit ou votre vaisselle. Et jamais, au grand jamais, vous ne pouvez fouiller dans ses tiroirs, lire ses relevés de compte bancaire ou vous mêler des conflits de sa vie familiale.

 

Tout le problème vient de ce petit mot « comme ». Il faut entendre « pas pour de vrai ». Nous sommes dans la courtoisie ! Mais aussi la fiction. Car « comme » dit aussi « à la façon de » et, en même temps il dit « pas identique à ». Faites comme chez vous, finalement, vous invite à jouer à être chez vous tout en gardant à l’esprit que vous ne l’êtes pas. Il vous rappelle que vous pouvez vous sentir bien, à l’aise, accueilli, mais que ne pouvez être chez vous à la façon dont votre hôte est chez lui. La différence est majeure !

 

 

 

 

Partager le temps

Hôte accueillant et hôte accueilli n’en finissent plus de tisser des relations complexes, instables, qui dépendent de cent circonstances. Mais nous sommes hospitaliers et nous continuons de l’être. Nous en avons même démocratisé les pratiques. Comment cela se fait-il ? Pour le comprendre, les philosophes contemporains nous ramènent à certains mots en hébreu, qui est la langue d’origine de la Bible. Quels sont ces mots ? Ceux qui disent d’une part le temps (z’man) et le fait d’inviter (lehazmin). Qu’exprime le fait que l’un dérive de l’autre ? Que l’hospitalité est le temps passé avec l’invité. Le temps qui est la matière même de notre vie. Nous prenons le temps de nous rendre disponible à l’invité. Pour tisser des liens. Pour nous parler de personne à personne. Pour nous reconnaître mutuellement comme des êtres humains. C’est ainsi que les philosophes nous ramènent, que nous le voulions ou pas, à l’hospitalité d’Abraham.

 

 

Découvrez les 6 autres chapitres de ce sujet.

L'hospitalité, tout le monde sait et ne sait pas ce que c'est (1)

L'hospitalité, c'est sacré (2)

L'hospitalité au sens courant, hier et aujourd'hui (3)

L'hospitalité mode d'emploi (4)

L'hospitalité : l'accueillant et l'accueilli (5)

L'hospitalité : Liberté, Egalité, Fraternité (7)

 

 

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