Guerre des nerfs autour du "TGV des pèlerins"

Renfe est un des leaders du consortium espagnol avec Talgo, Adif, OHL et huit autres entreprises espagnoles.
Renfe est un des leaders du consortium espagnol avec Talgo, Adif, OHL et huit autres entreprises espagnoles. © Maxppp
  • Copié
et Henry de Laguerie et AFP , modifié à
Le contrat du TGV en Arabie Saoudite fait l'objet d'un long bras de fer entre Madrid et Paris.

Madrid se prépare à sabrer le champagne. Ou presque. Même si rien n'est encore officiel, le consortium espagnol, candidat au projet de train à grande vitesse Jeddah-La Mecque-Médine en Arabie saoudite, aurait remporté l'appel d'offres, ont affirmé mardi plusieurs médias espagnols. Mais l'Organisation saoudienne des chemins de fer a toutefois affirmé mercredi ne pas avoir encore pris de décision.

Il faut dire que l'attribution de ce méga-contrat, dont la valeur avoisine les 7 milliards, était fortement disputée depuis plusieurs années entre l'Espagne et la France. A tel point que les relations étaient devenues tendues ces derniers temps entre les deux pays. Le projet avait d'ailleurs été l'un des sujets de discussion lors du déplacement en février, du Premier ministre français François Fillon en Arabie saoudite. Si Alstom ne remportait pas l'appel d'offres, "ce serait une mauvaise nouvelle", a reconnu mercredi le PDG du groupe, Patrick Kron.

L'Espagne met le paquet

Le prix aurait fait la différence. Les Espagnols ont réussi à réduire le coût du projet, faisant ainsi passer la facture de 10 à 7 milliards d'euros. Le projet du consortium français, composé d'Alstom et de la SNCF coûtait quant à lui 8,5 milliards. L'expérience a également joué en la faveur de l'Espagne. Depuis l'année dernière, le pays est en effet devenu le champion d'Europe de la grande vitesse. Avec 2.056 km en service, l'Espagne dépasse la France de 160 km.

Mais ce succès a un coût. Le pays s'est très fortement endetté et la rentabilité n'est pas au rendez-vous, si bien que pour la première fois de son histoire, une ligne de grande vitesse a été fermée au printemps dernier. L'attribution de ce contrat en Arabie Saoudite serait donc une bulle d'oxygène pour le secteur ferroviaire espagnol. Les médias espagnols ont en tout cas annoncé dès mardi un succès pour le consortium espagnol. Histoire de prendre les devants et de faire le forcing ?

Le suspense se poursuit

En effet, l'Organisation saoudienne des chemins de fer (SRO) a assuré mercredi ne pas avoir pris de décision finale sur l'attribution du contrat. "Le contrat de construction de ce train n'a pas été attribué au consortium espagnol", a déclaré un responsable de la SRO, Nadim Darwich. "La décision n'a pas encore été prise", a-t-il ajouté, s'abstenant de tout autre détail. "La commande est en général annoncée par le client", a pour sa part commenté Patrick Kron, refusant de confirmer ou infirmer les informations données mardi par des médias espagnols.

La construction du train à grande vitesse "Al Haramain" est destinée à améliorer le transport des pèlerins entre Jeddah et les deux villes saintes de l'islam, soit 450 kilomètres de lignes. Le pèlerinage annuel de La Mecque attire quelque 2,5 millions de musulmans de part le monde pour un séjour de deux semaines en moyenne. Le consortium vainqueur fournira le matériel roulant et assurera la maintenance et l'exploitation de la ligne à grande vitesse pendant 12 ans.