Guerre des chiffres autour d’Areva

Le président du directoire d'Areva, Luc Oursel, nommé en juillet 2011, a remplacé Anne Lauvergeon
Le président du directoire d'Areva, Luc Oursel, nommé en juillet 2011, a remplacé Anne Lauvergeon © Maxppp
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avec agences , modifié à
La CGT a annoncé 1.200 suppressions de postes en 2012. Un chiffre contesté par la direction.

Areva au cœur de la tempête. L'annonce du plan stratégique du groupe nucléaire français, contrôlé à 87% par l'Etat, a provoqué mardi une vaste polémique sur le nombre de postes supprimés.

"Le gel des embauches en 2012, cela signifie que les départs naturels annuels en 2012 ne seront pas remplacés. Notre turn-over chez Areva est de 1.200 postes par an", a assuré Patrick Lescure, délégué central CGT, le premier syndicat d'Areva. Selon lui, cette mesure sera appliquée, uniquement sur l'année 2012 et non sur l'ensemble de la période du plan, c'est à dire de 2012 à 2016. Cela ne pourrait donc être qu'un début.

Un gel des embauches

Faux répond la direction qui préfère parler d'un gel des embauches dans les fonctions dites "support", c'est-à-dire non industrielles pendant "le temps nécessaire". Mais sans rentrer dans le détail.

"Ce nombre ne correspond à aucun nombre évoqué dans quelque document de travail que ce soit. Nous avons probablement trop recruté et nous souhaitons geler les recrutements. Nous ne déploierons aucun plan social, aucun plan de départs volontaires. Les effectifs se réduiront au fur et à mesure des départs naturels, c'est pourquoi je ne peux pas vous donner de chiffre", a insisté Luc Oursel, président du directoire d'Areva.

Ce gel, qui concerne "la finance, les ressources humaines, l'administration et le contrôle de gestion", est effectif "dès maintenant", a-t-il également précisé.

Luc Oursel déjà recadré en novembre

Le mois dernier, la presse avait déjà évoqué 1.000 à 1.200 réductions d'emplois en France et 1.300 en Allemagne. Luc Oursel, convoqué par le gouvernement, s'était alors engagé à ce qu'il n'y ait "aucune suppression de postes, aucun plan de départ volontaire et aucun impact sur les sites français", selon le ministre de l'Economie François Baroin.

Face à cette nouvelle querelle de chiffres entre syndicats et direction, le ministre de l'Industrie, Eric Besson a, à son tour tenté d'éteindre l'incendie mardi sur Europe 1.

"Ce sont des chiffres un peu fantaisistes qui ont circulé hier (...) et que Luc Oursel (le patron d'Areva, ndlr) a clairement démentis", a affirmé le ministre de l'Industrie, Eric Besson, sur Europe 1.

Redresser les finances à l'horizon 2016

Dans le même temps, le comité de groupe européen d'Areva a décidé de réclamer la suspension du plan stratégique du groupe en attendant une mission d'expertise sur l'emploi, menaçant de saisir la justice pour délit d'entrave, a-t-on appris mardi de source syndicale.

Ce plan doit permettre de redresser les finances du groupe à l'horizon 2016. Outre l'aspect social, le groupe a notamment détaillé les investissements qu'il comptait suspendre sur quatre sites français dont celui de La Hague, de l'usine d'enrichissement d'Eagle Rock aux Etats-Unis et de trois gisements africains de l'ex-Uramin.