Grenelle de l'environnement : des propositions qui changent le quotidien

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Une centaine de propositions ont déjà été formulées en vue du Grenelle de l'environnement : une "éco-pastille" et la réduction de la vitesse pour les voitures, des logements auto-suffisants en énergie ou des menus bio pour les cantines. Deux sujets ont entraîné un désaccord flagrant dans les groupes de travail : le nucléaire et un éventuel moratoire sur les OGM. Le ministre de l'Ecologie Jean-Louis Borloo a souligné qu'il s'agissait à ce stade de "propositions, et non de décisions". Le processus doit aboutir fin octobre.

Après avoir planché tout l'été, les six groupes de travail du Grenelle de l'environnement, composés de représentants de l'état, des collectivités, des salariés, du patronat, des ONG et d'experts, ont présenté ce jeudi leurs propositions, une centaine au total, parfois fruit de difficiles compromis, au gouvernement. Jean-Louis Borloo, ministre de l'Ecologie, a souligné qu'il s'agissait à ce stade de "propositions, et non de décisions". Il a rappelé que ce Grenelle a pour but "d'aller au fond des expertises, des sujets, sans aucun tabou, de façon transparente et démocratique". La deuxième phase du Grenelle s'ouvre désormais avec une consultation publique en région et sur internet. Une quinzaine de réunions régionales sont prévues du 5 au 19 octobre. Un débat sans vote aura lieu au parlement le 4 octobre et les Français sont appelés à participer sur internet avant la table-ronde du "Grenelle" proprement dit, fin octobre, et l'arbitrage final du président de la République.

Sur la voiture, Jean Jouzel, président du groupe "Climat", a livré les recommandations de son groupe : une "éco-pastille" pénalisant les plus polluantes et favorisant les plus vertueuses sous la forme d'un bonus/malus. Une autre proposition vise à réduire de 10 km/h la vitesse des voitures sur le réseau routier hors agglomération, soit 120 km/h sur autoroute, 100 km/h sur voie express et 80 km/h sur nationales et départementales. Le groupe préconise aussi de mettre l'accent sur les économies d'énergie dans le bâtiment. Tous les bâtiments neufs devraient être à basse consommation à partir de 2015 puis autosuffisants en énergie en 2020.

Sur l'agriculture, le groupe de travail propose "d'atteindre 20% de produits biologiques dans la restauration collective d'ici 2012" pour dynamiser la filière. En matière de production, le Grenelle de l'environnement propose l'objectif de 6% des surfaces agricoles utiles cultivées en biologique d'ici 2010, et 20% en 2020 (2% actuellement). Le groupe de travail a échoué en revanche à se mettre d'accord sur une redevance sur les engrais chimiques ou taxation de l'azote. Sur le sujet de l'usage des pesticides, il est ressorti que les agriculteurs ne sont pas opposés à une réduction, même drastique, à condition qu'on leur fournisse une solution alternative.

Deux sujets ont entraîné un désaccord flagrant : le nucléaire et un éventuel moratoire sur les OGM. Le groupe de travail consacré aux cultures génétiquement modifiées s'est accordé sur l'objectif de "garantir à l'agriculteur le choix de son itinéraire: bio, conventionnel ou OGM", a résumé son président Jean-François Le Grand. Les débats très agités ont reflété "un situation sociétale délétère" sur le sujet, a indiqué le sénateur UMP de la Manche devant la presse. La question d'un éventuel moratoire, réclamé par les associations écologistes, avait conduit le principal syndicat agricole, la FNSEA, à quitter le groupe avant la fin des débats. Un consensus a toutefois été trouvé pour recommander la création d'une "haute autorité" représentative de l'ensemble de la société, qui émettrait des "avis rationnels à l'autorité politique", selon le sénateur. Une "loi sur les biotechnologies" devrait aussi être élaborée.