Giratoire et rond-point, des carrefours comme les autres ?

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Avec plus de trente mille carrefours giratoires installés aussi bien en ville qu’en rase campagne, la France reste détentrice du record mondial. Parce qu’elle en est l’inventeur ? Ou que l’esprit cartésien de nos concitoyens s’accommode de ce système circulatoire efficace et sûr ? Ou encore que les municipalités aiment à dépenser l’argent du contribuable ?

Avec plus de trente mille carrefours giratoires installés aussi bien en ville qu’en rase campagne, la France reste détentrice du record mondial. Parce qu’elle en est l’inventeur ? Ou que l’esprit cartésien de nos concitoyens s’accommode de ce système circulatoire efficace et sûr ? Ou encore que les municipalités aiment à dépenser l’argent du contribuable ?

 

Certainement un peu de ces trois raisons même s’il ne faudrait pas oublier l’histoire de nos aménagements paysagers et urbains qui nous ont conduits des ronds-points cavaliers en forêt aux giratoires facilitant la circulation automobile, en passant par les innombrables formes d’intersection routière. L’opportunité pour nous de resituer chacun de ces concepts dans son environnement originel et actuel.

 

 

Le carrefour.

 

En commençant par le plus évident d’entre eux, à savoir le carrefour, ce croisement aménagé qu’on connaît depuis la plus haute Antiquité. Un vocable qui exprime clairement son état quand on sait qu’à l’origine il s’orthographiait quarrefour, montrant ainsi son étymologie latine quadrifurcus, qui a quatre fourches, autrement dit le lieu de rencontre de quatre chemins. Un quarrefourc en vieux français qui a donné d’innombrables déclinaisons dans tous les dialectes régionaux, comme carroir, carrouge, quarrage, quarrefoz, cafourcho, quarroge ou quarron…

 

 

A la croisée des chemins.

 

Deux voies qui se croisent, rien de plus banal dans les villes antiques où la disposition orthogonale des pâtés de maisons en favorisait le tracé même si le carrefour, pas plus que le croisement, n’impliquaient une intersection à angle droit. De toute façon, à de rares exceptions près, les croisements de chemins s’imposaient naturellement sans qu’aucun génie de l’urbanisme ne s’en mêlât. En revanche, dès la Renaissance, on réfléchit à une autre disposition, en étoile, pour une esthétique plus aboutie, dont la meilleure illustration restent le tracé des jardins à la française, ou le point de ralliement des chasseurs en forêt.

 

 

 

Une inspiration forestière.

 

Et dont la ville sut s’inspirer quelques siècles plus tard, notamment avec Haussmann qui transforma les nombreuses placettes parisiennes, soucieux d’une circulation toujours plus aisée ; et bien sûr avec l’avènement de l’automobile qui, bon gré mal gré, força l’esthétique urbaine aux humeurs du trafic moderne. Voilà pour le carrefour simple intersection de deux voies. Ou de plus nombreuses quand il s’agit d’une patte-d’oie, d’une étoile…

En langage moderne, le carrefour se distingue d’une simple intersection par ses dimensions plus importantes même si cela reste hautement subjectif. Dans les grandes villes, le vocable s’est imposé quand le croisement est équipé de feux de signalisation tricolores.

 

 

Le rond-point.

 

Si, en terme d’architecture, le rond-point est la partie demi-circulaire qui termine quelquefois le fond d’une église, il désigne depuis toujours un carrefour circulaire, aboutissement de plusieurs allées dans une forêt, marquant ainsi autant de points de rencontres ou d’orientation. Voilà pour le rustique mais en ville, qu’en est-il ?

Dès le début du XXe siècle, les urbanistes cherchèrent à améliorer la circulation à l’intérieur des villes et il ne fallut guère de temps à ces néoscientifiques pour déterminer que le nœud du problème des croisements de route se situait en son centre. De là l’idée d’interdire la circulation au milieu de l’intersection en y plaçant un obstacle infranchissable. Le rond-point urbain était né. Et se distinguait dès lors de la place, antérieure à tout aménagement citadin, même si elle est parfois devenue rond-point par la force des choses.

 

 

 

Le carrefour giratoire.

 

Historiquement, le carrefour giratoire se distingue du rond-point, car inventé au début du XXe siècle, imposant par ailleurs des règles du Code de la route différentes. En effet, l’entrée dans le rond-point est favorisée au nom de la fameuse priorité à droite, tandis que le giratoire accorde cette primauté aux véhicules engagés dans le carrefour. Une nuance de taille comme le précisent les panneaux avertisseurs avant ce dernier, ce qui n’est bien sûr pas le cas des ronds-points.

 

 

Un inventeur contesté.

 

Alors, qui de Williams Phelps Eno, cet homme d’affaire américain passionné par la circulation urbaine bien qu’il n’ait jamais conduit de sa vie, ou d’Eugène Hénard, inspecteur des travaux à la ville de Paris, responsable de l’aménagement des places de l’Etoile et de la Nation, en est l’inventeur ? La bataille fait rage entre chauvins de chaque côté de l’Atlantique, sans compter les héritiers Lépine qui prétendent que c’est leur illustre aïeul, préfet de Paris à la fin du XIXe siècle, qui serait l’instigateur du carrefour giratoire. De quoi tourner la tête…

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