Français, Euro, le divorce ?

  • Copié
www.boursier.com , modifié à
Les français sont sévères avec la monnaie unique, selon un sondage publié par 'Le Figaro', à tel point que si un référendum était lancé aujourd'hui, le "non" l'emporterait facilement...

Vingt ans après le référendum de Maastricht instaurant l'Euro, l'état d'esprit des Français a bien changé. Un sondage Ifop, publié ce matin dans 'Le Figaro', révèle que si c'était à refaire, non moins de 64% des Français voteraient "non" au référendum sur la mise en place de l'Euro, s'il avait à nouveau lieu aujourd'hui. A l'époque, le 20 septembre 1992, les Français avaient ratifié la création de la monnaie unique à une majorité assez faible de 51% des voix. Aujourd'hui, ils sont 67% à dire que l'Union européenne va "plutôt dans la mauvaise direction" depuis la ratification de Maastricht alors qu'en 1999, au moment du lancement officiel de l'Euro, ils étaient 53% à estimer qu'elle allait "plutôt dans la bonne direction". Une très grande majorité (76%) pense que l'Union Européenne n'agit pas de manière efficace pour limiter les effets de la crise économique actuelle, et 45% pensent que l'Euro a été "un handicap" au cours des 4 dernières années de crise, contre 23% qui y voient "un atout" et 32% qui estiment qu'il n'a été "ni l'un ni l'autre"... Les Français jugent même que le passage à l'Euro a eu des conséquences négatives sur la compétitivité de l'économie (61%), le chômage (63%) et le niveau des prix (89%). Une grande majorité souhaite désormais moins d'intégration européenne (60%) et juge "peu probable" l'émergence d'un "Etat européen unique" (64%). Pour autant, les Français ne sont pas prêts à abandonner l'Euro, sans doute de crainte de subir une tourmente économique encore plus grave en cas d'éclatement de la zone Euro... Ainsi, 65% d'entre eux affirment ne pas vouloir que la France quitte la zone Euro pour revenir au Franc. Cependant, les partisans du Franc progressent, puisqu'ils étaient encore 74% à vouloir conserver l'Euro au mois de juin dernier (mais seulement 62% en mai 2010). Le désamour des Français envers l'Euro, qui enfle à mesure que la crise économique s'aggrave, fait écho à une désillusion semblable, à des degrés divers, observée dans d'autres pays de l'Union européenne. Cette défiance des opinions publiques complique encore d'un cran la tâche des dirigeants politiques européens, qui peinent à gérer de front l'avalanche de problèmes auxquels ils sont confrontés : obligation de désendettement, récession, chômage, négociations difficiles pour consolider l'Union malgré les tensions, nervosité des marchés financiers. En France notamment, le président François Hollande va devoir jouer serré dans les prochains jours pour faire ratifier par sa majorité PS le traité européen sur la zone Euro, signé par son prédécesseur Nicolas Sarkozy en mars 2012. Le projet de traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance (TSCG) doit être présenté ce mercredi en conseil des ministres, et son examen débutera à l'Assemblée nationale le 2 octobre. Or, des élus de l'aile gauche du PS menacent toujours de s'opposer au texte, considéré comme l'acceptation d'une vision "allemande" de l'Europe, qui prônerait l'austérité au détriment de la relance de la croissance économique.