Etats-Unis : rendez-vous dans 3 mois pour une nouvelle bataille sur la dette ?

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www.boursier.com , modifié à
La solution trouvée hier soir par le Congrès n'est que temporaire. Le plafond de la dette fédéral n'est relevé qu'au 7 février...

Après avoir frôlé le défaut de paiement et été privés de services publics pendant 16 jours, les Etats-Unis sont donc enfin sortis de leur impasse budgétaire... Mais le compromis voté hier soir in extremis au Congrès américain n'offre qu'une solution temporaire : il autorise le Trésor à emprunter jusqu'au 15 janvier prochain, et relève le plafond de la dette de l'Etat fédéral jusqu'au 7 février. Or, si d'ici là, aucun accord de long terme n'est conclu sur les moyens de réduire la dette publique, qui dépasse les 100% du PIB, le pays sera confronté à un nouveau blocage politique susceptible de déstabiliser les marchés financiers..   Le FMI et les agences de notation mettent la pression   Hier, la directrice générale du FMI, Christine Lagarde, a ainsi prévenu dans un communiqué qu'il était "essentiel de réduire l'incertitude entourant la conduite de la politique budgétaire en relevant le plafond de la dette d'une manière plus durable". De leur côté, les agences de notations menacent : Fitch a placé mardi soir la note "Triple A" des Etats-Unis sous surveillance négative en vue d'une dégradation, et l'agence de notation chinoise Dagong a frappé fort ce matin, en abaissant de "A" à "A-" la notation souveraine des Etats-Unis, tout en maintenant sa perspective négative. Dagong estime que la solvabilité du pays s'est dégradée suite à l'impasse budgétaire, et juge que cette dégradation va se poursuivre "dans la mesure où la dette progresse plus vite que les ressources"... Enfin, l'agence Standard and Poor's (qui a déjà privé Washington de la note "AAA" lors de la dernière crise de la dette en 2011) estime que la paralysie de l'Etat co�"tera 0,6 point de pourcentage au PIB du 4ème trimestre, soit 24 milliards de dollars...   Marchés financiers prudents   Ces incertitudes politiques et économiques expliquent pourquoi les marchés financiers restent sceptiques ce matin, leur confiance dans le fonctionnement du système politique américain ayant été ébranlée par le récent affrontement politique au Congrès... A Tokyo, l'indice Nikkei a fini en hausse de 0,8% ce matin, mais Hong Kong  a cédé 0,5% et en Europe, l'indice EuroStoxx 50 recule de 0,7% dans la matinée. Au-delà du compromis de dernière minute trouvé hier soir, démocrates et républicains restent en effet fondamentalement divisés sur la façon de gérer le pays et de régler le problème de la dette sur le long terme. Les républicains (majoritaires à la chambre des représentants) continuent d'exiger des coupes dans les services sociaux, des baisses d'impôts et moins de régulation, tandis que les démocrates (majoritaires au Sénat) défendent des hausses d'impôts ciblées sur les contribuables plus riches et une politique sociale plus généreuse pour maintenir l'économie à flot. Au sein du parti républicain, les "ultras" du Tea Party ne désespèrent pas de revenir à la charge pour vider de sa substance la réforme du système de santé de Barack Obama, qui a pourtant déjà été votée par le Congrès. Ils ont reçu un camouflet hier, l'accord bipartisan n'apportant finalement aucun changement majeur  à cette loi.   Consternation dans les milieux d'affaires   Dans les milieux d'affaires, les dirigeants d'entreprises restent consternés par l'incapacité des élus à s'entendre, et par le jusqu'auboutisme de la frange droite du parti républicain, qui a failli pousser le pays à la défaillance, un événement de marché sans précédent et aux conséquences économiques potentiellement dévastatrices. Selon une enquête menée par le 'Wall Street Journal', beaucoup de patrons américains (soutiens traditionnels du parti républicains) songent désormais à réserver leurs dons à des candidats modérés, et certains prévoient même, par dégo�"t, de cesser purement et simplement de financer les campagnes politiques. Les décisions de ces chefs d'entreprises pourraient peser sur les prochaines négociations au Congrès, à l'approche des élections de mi-mandat prévues en novembre 2014. La chambre des représentants, passée sous domination républicaine en 2010, sera alors entièrement renouvelée, de même que le tiers des 100 sièges du Sénat, où les démocrates conservent actuellement une courte majorité.