Entreprises : la France décourage les talents, déplore Claude Bébéar...

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L'entrepreneur craint la fuite des cerveaux

L'un des entrepreneurs les plus respectés de France, Claude Bébéar, déplore ce matin "l'inculture économique" de la classe politique française, qui selon lui, aboutit à chasser les talents de notre pays. Dans un entretien publié par 'Les Echos' du jour, le fondateur d'Axa, qui préside aujourd'hui l'Institut Montaigne, un "think tank" libéral, a des mots très durs pour la classe politique, qualifiée de "démagogique", qu'elle soit de gauche ou de droite : "l'inculture économique des Français et de ceux qui nous gouvernent est impressionnante. La dernière campagne présidentielle a été catastrophique sur ce point, à droite comme à gauche... Ce fut un concours de démagogie !". Fuite des cerveaux Davantage que l'exil fiscal, l'entrepreneur craint la fuite des cerveaux, sous la forme du départ de France de nombreux jeunes diplômés : "notre classe politique, droite et gauche confondues, attaque les patrons, le profit, l'enrichissement", fustige-t-il. "Les jeunes diplômés sont de plus en plus nombreux à partir... Ils se disent : si je crée une entreprise, je ne serai pas aimé. Si je gagne de l'argent, on va me le piquer ! Ce que je veux dire, c'est que l'on a créé un climat qui décourage les talents. Les étrangers que je rencontre me disent : avant, on voyait arriver de France des gens fortunés qui voulaient se mettre à l'abri du fisc. Aujourd'hui, on voit des jeunes sans fortune qui ont du talent". Dialogue social Evoquant le problème du manque de compétitivité des entreprises française, Claude Bébéar estime que "le grand souci en France aujourd'hui, ce n'est pas le niveau des salaires mais le poids de ces charges, de ces impôts et de ces taxes beaucoup plus élevés qu'ailleurs". Il regrette aussi que le dialogue sociale "fonctionne mal" en France, estimant qu'il "faut revoir la représentation patronale et celle des syndicats. Nous n'arrivons pas à sortir du syndicalisme politisé issu de la guerre". Même voix Quant au patronat, il "doit être capable de parler d'une même voix sur les sujets les plus importants", car la division actuelle permet au gouvernement "de jouer les uns contre les autres". M. Bébéar invite les grandes entreprises à se rapprocher du tissu industriel des sous-traitants de taille moyenne en France, comme c'est le cas en Allemagne, "où les grands groupes se font un devoir de soutenir les PME du pays. Cet esprit d'unité n'est pas assez développé chez nous...".