Economie : encore des menaces sur la croissance, prévient Roubini

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Pas encore gagné...

L'heure n'est pas encore à l'optimisme pour Nouriel Roubini !... Le célèbre économiste, qui avait prévu la crise des "subprimes" de 2008, continue de mettre en garde contre les risques qui pèsent sur l'économie mondiale, malgré la multiplication des signes de reprise. Dans une chronique publiée ce jeudi dans 'Les Echos', celui qui a été surnommé "Dr. Catastrophe" ("Dr Doom") énumère une série d'"inconnues connues", en d'autres termes des "risques prévisibles dont la concrétisation est incertaine". Il s'agit pêle-mêle du risque de paralysie budgétaire aux Etats-Unis, de la hausse des taux d'intérêt à long terme, de l'affaiblissement des pays émergents, des tensions en Syrie et en Iran... "La concrétisation cet automne, ne serait-ce que de quelques-uns des risques décrits ici, pourrait faire dérailler la reprise encore bancale de l'économie globale", estime ainsi l'économiste. Tension sur les taux M. Roubini juge particulièrement préoccupante la hausse des taux d'intérêt à long terme observée dans le monde depuis mai dernier, après que la Fed eut signalé son intention de réduire son programme de rachat d'actifs, sans en préciser le calendrier... Cette tension sur les taux pourrait faire dérailler la reprise, notamment dans la zone euro, où l'action de la BCE "est trop timide et trop tardive, et n'a pas permis d'éviter une hausse des co�"ts d'emprunt à court et long terme". Sur le plan géopolitique, l'incertitude sur une éventuelle intervention occidentale en Syrie (ampleur et durée des frappes militaires) fait peser le risque d'un nouveau choc pétrolier. Or, "la dernière chose dont une économie mondiale fragilisée a besoin aujourd'hui est d'un autre cycle de flambée des prix pétroliers"... Paralysie budgétaire aux Etats-Unis Aux Etats-Unis, le risque de paralysie budgétaire demeure, selon l'économiste, qui n'exclut pas "quelques explosions budgétaires cet automne, avec une majorité du Parti républicain investie dans une "croisade" contre les dépenses publiques". Toujours outre-Atlantique, les incertitudes sur le calendrier de réduction des assouplissements quantitatifs constituent une angoisse de taille pour les marchés, ainsi que la succession de Ben Bernanke à la tête de la banque centrale américaine. Pression maintenue en Europe Nouriel Roubini voit aussi des nuages planer sur l'Europe. La réélection probable de la coalition d'Angela Merkel en Allemagne devrait maintenir la pression sur les autres pays de la zone euro, "en dépit de l'usure causée par l'austérité dans certains pays périphériques". En Italie, il s'attend à "un effondrement du gouvernement italien et à de nouvelles élections à la suite de la condamnation de l'ancien Premier ministre Silvio Berlusconi". Il envisage aussi une chute de la coalition au pouvoir en Grèce et une intensification des tensions politiques en Espagne et au Portugal. La fête est finie dans les émergents Quant aux économies émergentes, elles "ont été trop longtemps surestimées", selon M. Roubini. Le ralentissement chinois "a contribué à la fin du super-cycle des matières premières qui, associé à la flambée des taux d'intérêt à long terme, a entraîné des tensions économiques et financières dans de nombreux marchés émergents". La crise économique en Europe et la fin annoncée de la politique ultra-expansionniste de la Fed pèsent aussi sur ces marchés émergents : "maintenant que la fête est terminée, place à la gueule de bois... Cela est particulièrement vrai pour l'Inde, le Brésil, la Turquie, l'Afrique du Sud et l'Indonésie", estime ainsi l'économiste.