E. Leclerc : tout est parti de Landerneau

Edouard Leclerc.
Edouard Leclerc. © Max PPP
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Charles Carrasco , modifié à
VIDEO – Edouard Leclerc lance en 1949 son premier magasin. Le début d'une "success story".

En décembre 1949, son premier magasin faisait 16 m2. 63 ans après, son réseau compte 560 magasins dans l'Hexagone et emploie 96.000 personnes. Edouard Leclerc, décédé lundi à l'âge de 85 ans, est l'histoire d'une réussite personnelle démarrée dans le Finistère, en Bretagne, et qui a considérablement marqué l'histoire de la grande distribution. 

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© Max PPP

Tout commence avec son épouse Hélène. Dans l'après-guerre, il lance une modeste épicerie dans un hangar rue des Capucins, à Landerneau. Il y vend à prix de gros des produits de consommation courante, d'abord des biscuits, puis de l'huile et du savon. Son idée est simple : s'approvisionner directement chez les producteurs pour court-circuiter les fournisseurs et supprimer leurs marges, faisant ainsi baisser les prix. Les clients vont très vite affluer.

"Après la guerre et avant d'avoir son magasin, il tournait dans la campagne environnante avec une petite camionnette. Par la suite, j'ai accompagné ma mère dans son épicerie lorsque j'avais cinq ou six ans. C'était la sortie courses de la semaine. Le magasin était très populaire. Je me souviens d'une table centrale où il y avait juste des biscuits et du sucre", raconte un habitant de Landerneau de l'époque, interrogé par Europe1.fr

Un hangar dans son jardin

En 1951, il se résout à construire un hangar de 30 m2 dans son jardin qui devient son nouveau magasin. Deux ans plus tard, alors qu’il vend désormais plus de 150 références d’épicerie sèche et de produits d’entretien, sa surface de vente atteint 80 m2.

Pour se développer, il permet à ses disciples d'utiliser gratuitement son nom pour ouvrir leurs magasins, pourvu qu'ils respectent sa conception de la distribution. Le succès est fulgurant. Dix ans après le lancement, une nouvelle épicerie ouvre en 1959 à Issy-les-Moulineaux, en région parisienne. Les clients viennent pour s'approvisionner des quelques 1.500 articles disponibles au sein de ce circuit-court de la distribution.

A l'époque, les médias accourent intrigués, comme le montre cette vidéo de l'INA : 

Le paquet de pâtes et de café à la baisse

Ce "système Leclerc" va faire tache d'huile et beaucoup de détaillants du début des années 60 vont lancer des campagnes chocs de promotion sur leurs produits.

"Nous participons à cette campagne malgré les sacrifices et malgré le handicap certain que nous avons par rapport à un certain mode de distribution. Sur le plan national, nous sommes 120.000 à participer. Cette baisse concerne une cinquantaine d'articles comme les pâtes. Nous vendions 102 francs le paquet de 500 grammes qui est vendu aujourd'hui 92 francs. Le paquet de café que nous vendions 205 francs est vendu aujourd'hui 188 francs", témoigne monsieur Bonnet aux Actualités françaises.

Mais lorsqu'il essaye d'étendre son système au plan national, certains l'accusent de "tuer le petit commerce". Pierre Poujade, homme politique et leader syndical proche de Jean-Marie Le Pen, le prend pour cible et les contrôles fiscaux s'enchaînent. Leclerc gagne les premiers procès contre des marques qui refusent de l'approvisionner. Le succès va se confirmer. En 1959, l'Association des centres distributeurs E. Leclerc (ADCLec) est créée et en 1970, la centrale d'achat nationale, Galec. Edouard Leclerc a d'ores et déjà gagné son pari.

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