Des places profanes ou religieuses : l'esplanade et le parvis.

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Symbole d’un modernisme triomphant, la Défense à Paris est un des rares lieux qui réunissent, de façon aussi présomptueuse, tout ce que notre vocabulaire connaît de grandiloquent question espaces publics et ouverts, libres de tout bâtiment, qu’on appelle communément place. Apparemment, il fallait voir grand…

Symbole d’un modernisme triomphant, la Défense à Paris est un des rares lieux qui réunissent, de façon aussi présomptueuse, tout ce que notre vocabulaire connaît de grandiloquent question espaces publics et ouverts, libres de tout bâtiment, qu’on appelle communément place. Apparemment, il fallait voir grand…

 

 

Car on y trouve la place de la Défense au niveau du rond-point, puis l’esplanade, lieu historique de l’endroit avec ses promenades et ses compétitions de pétanque, et enfin le parvis cerné par le CNIT, les Quatre-Temps et la Grande Arche. Il n’en fallait pas moins pour attirer le chaland ! La question étant de savoir si tout cela est bien approprié.

 

L’occasion pour nous de rendre à César ce qui lui appartient et leur véritable histoire à ces deux mots, spécifications du terme place : l’esplanade et le parvis.

 

 

L’esplanade.

 

A l’origine, l’esplanade était un terme de fortification qui décrivait un espace libre de deux cent cinquante mètres au-delà d’un poste militaire, formant ainsi le glacis d’une place fortifiée jusqu’aux premières maisons du faubourg. Car à la fin du Moyen-Age, les militaires se rendirent compte que la construction de forteresses en hauteur présentait de nombreux inconvénients. En effet, l’ennemi pouvait aisément se cacher au pied de la bâtisse ou du tertre, et y dissimuler son artillerie. En établissant des terrains aplanis au-devant des fortifications, hors de portée des projectiles ennemis, on permettait une meilleure protection et, à tout le moins, une observation incomparable.

 

Puis, d’un terme purement militaire, par extension, l’esplanade en vint à décrire tout espace plan sur une hauteur ou au-devant d’un édifice quelconque, un agencement qu’on vit fleurir trois siècles plus tard, grâce à l’essor de l’architecture baroque. Ce qu’explique fort bien son étymologie, l’italien spianare (aplanir) lui-même dérivé du latin planus, uni, égal.

 

 

 

 

 

Exportée aux Etats-Unis.

 

C’est ainsi qu’au début du XVIIIe apparut l’esplanade des Invalides à Paris qui mettait en valeur l’hôtel des Invalides, puis un peu plus tard, le Champ de Mars qui conférait alors une réelle perspective à l’Ecole militaire bien avant que la Tour Eiffel ne soit bâtie. Une mode de l’espace urbain qu’on voulait au-delà des dimensions habituelles des places, qui ne durera guère, certes, mais qui reprendra du souffle à la fin du XIXe siècle, la mode des expositions universelles aidant. Une architecture qui sera exportée aux Etats-Unis, notamment au National Mall de Washington au tout début du XXe siècle, suivi par la ville de Brasilia par la grâce de Le Corbusier soixante ans plus tard, date à laquelle fut également construite notre fameuse esplanade de la Défense.

 

 

Le parvis.

 

Le parvis est forcément attaché à l’église puisqu’il en prolonge l’entrée, placé devant la grande porte de l’édifice religieux, une place le plus souvent clôturée. Evidemment, son idée de grandeur actuelle l’impose surtout aux cathédrales mais on le trouvait également devant de nombreuses églises d’autant que les dimensions de ces parvis se montraient restreintes jusqu’au XIXe siècle, époque à laquelle on les agrandit de façon significative. Rappelons qu’à l’origine, le parvis désignait l’espace formé de trois cours concentriques et successives situées autour du tabernacle hébraïque, avec le parvis des Gentils dans lequel les non-juifs étaient admis, le parvis d’Israël réservé aux Juifs, et enfin le parvis des prêtres. Un espace situé devant le temple de Salomon dont les Grecs s’inspirèrent pour leurs temples bientôt imités par les Romains, et dont on reprit l’appellation pour nos églises.

 

 

 

 

 

Le paradis sur terre.

 

En bref, un terme hautement religieux d’autant que si l’on en croit certains étymologistes, le mot proviendrait de paradis, la place en question étant le symbole du paradis terrestre par lequel les fidèles passent avant d’entrer dans le paradis céleste constitué par l’église. Après tout, gladius a donné glaive, pourquoi paradisus n’aurait-il pas donné paravis puis parvis ? D’autant que paradisus nous vient du grec paradeisos, le jardin, le lieu de promenade, ce qui nous ramène au Jardin d’Eden si souvent assimilé au Paradis. Cela exposé, ne serait-il pas davantage raisonnable de penser que le mot est emprunté au latin pervium qui signifie le passage ou bien à parvus, qui signifie petit, si l’on en croit le Gaffiot qui cite Cicéron : parvus et angustus locus qui décrit une petite place étroite ?

 

 

Un terme sacré.

 

Et, à propos d’étroitesse, rappelons que le fameux parvis de Notre-Dame à Paris, tout comme de nombreux autres dans la capitale ou en province, était loin de connaître les dimensions qu’il présente aujourd’hui puisqu’au XVIe siècle, il se résumait à une cour carrée de trente-cinq mètres de côté cernée par un muret doté de trois entrées.

 

Un mot forcément religieux donc, qu’il serait sacrilège d’utiliser pour une place profane, telle que notre parvis de la Défense à Paris. Mais, que voulez-vous, on ne respecte plus rien, ma bonne Lucette.

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